"Ordure" - Eugene Marten
"Parmi les notes de service qui cascadaient depuis les corbeilles dans sa poubelle, certaines, pour une bande de comptables, n’étaient pas piquées des vers, même si on ne peut pas dire que Sloper était fin lecteur."
Il vit seul, dans une cave, en-dessous de l'appartement de sa mère qu’il n’a pas vue depuis longtemps, plus précisément depuis qu'elle a déchiré ses magazines pornos en en laissant des centaines de morceaux éparpillés sur leur pelouse. Car sa mère, peinant à monter ou descendre les escaliers, ne descend jamais au sous-sol : elle communique avec lui par le registre du chauffage ou en martelant le sol du pied. Il lui fait ses lessives, et glisse une fois par mois sous sa porte une enveloppe contenant son loyer.
Sloper est un héros insignifiant -ou impénétrable ? Célibataire involontaire, c'est par ailleurs un individu sans histoires, sans ambition, sans qualité, qui meuble le temps avec un petit jeu en plastique consistant à placer des billes dans des coupelles.
Jusqu’au jour où il fait, dans les bennes à ordures de son lieu de travail, une macabre découverte…
La narration à la troisième personne renforce l’hermétisme du personnage. L’écriture, sèche et factuelle, déroule une succession de gestes banals et méthodiques, puis nous plonge, sans changer de ton ni de rythme, dans l’évocation d’une perversion qui paradoxalement imprègne le lecteur de sa dimension viscérale, suscitant un indéfinissable malaise, les non-dits étant ici aussi révélateurs que l’explicite.
En exprimant le parcours de son triste héros sans commisération ni jugement, de manière clinique, Eugene Marten nous montre les manifestations d’un mal dont il nous tient éloigné du gouffre qui le génère.
Et puis c'est Quidam éditeur, ça compte.
RépondreSupprimerOui, ils me déçoivent rarement aussi..
SupprimerTrop glauque pour moi , j'en suis sûre.
RépondreSupprimerJ'en sui sûre aussi ! : trop glauque et trop froid..
SupprimerNoir et glauque... Pour moi, donc...
RépondreSupprimerLOL Krol ...pas envie de ça en ce moment ! mais le Caribou aurait l'intérêt piqué c'est certain
SupprimerC'est le genre de titre avec lequel ça passe ou ça casse : il m'a fait penser à Evenson (qui l'a d’ailleurs préfacé), dont j'ai détesté certains titres (La confrérie des mutilés ou son recueil de nouvelles La langue d'Altman) alors que j'ai beaucoup aimé Père des mensonges. Sans doute un équilibre à trouver pour ne pas tomber dans la surenchère de violence. Là c'est réussi, du moins je trouve ...
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