LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Feu" - Maria Pourchet

C’est un livre que j’ai offert à une amie sans l’avoir lu, convaincue de ses qualités par les nombreux éloges dont il a fait l’objet. Je l’avais aussi acheté, avec l’intention de le lire plus tard. Mais quand ladite amie m’a avoué, parvenue à la moitié de l’ouvrage, son incapacité à comprendre l’histoire et les personnages, je lui ai promis d’en prioriser la lecture pour que nous puissions échanger à son sujet lors de notre prochaine rencontre. 

J’ai ainsi lu "Feu" en une après-midi. Et une semaine après l’avoir terminé, j’en avais quasiment déjà tout oublié. 

(Attendez, je reprends mes notes)

Deux parties jouent l'alternance.

La première s’adresse à un "tu" derrière lequel nous trouvons Laure, prof d’université, mariée à un médecin, et mère de deux enfants. Elle est arrivée à l’âge des regrets, s’invente des renoncements à des états qu’elle n’a en réalité jamais tenté d’atteindre. Sa vie a été régie par la facilité, l’engouffrement dans un confort petit-bourgeois dénué de tout esprit de transgression. La routine l’a éteinte, mais elle s’y raccroche pourtant, car ce qui tient sa vie, c’est sa place et son rôle dans le microcosme familial.

La seconde est portée par le "je" de Clément, cadre dans une banque qui lui verse un salaire indécent, misanthrope aigri qui ne tolère que la compagnie de son chien, qu’il appelle Papa. Conscient de la cruauté d’un système dont est l’un des rouages, il le fustige avec autant de férocité que de pessimisme, histoire de cracher dans la soupe pour montrer que lui n’est pas si mauvais que ça, tout en continuant à la boire. C’est un homme qui a perdu toute illusion, qui semble même avoir perdu toute substance, et qui n’attend plus rien de l’existence.

Ils se rencontrent pour organiser son intervention à lui dans le cadre d’une conférence qu’elle prévoit de donner à l’université. Ils entament une liaison.

Elle apprend la tromperie, a des pensées obscènes, des désirs soudains et irrépressibles. Lui semble complètement perdu, ne pas savoir que faire de celle relation qui le terrorise : il était presque mort, s’était résigné à ne plus éprouver de flamme… il en devient désagréable…

Quelque chose cloche. Je repense à mon amie, et je dois me rendre à l’évidence, je suis moi aussi hermétique à ce ballet qui ne semble ni vraiment amoureux, ni complètement sexuel. On se demande ce qui s'y joue. Les deux amants n’ont rien en commun hormis l’évidence ne pas se comprendre, constat sur lequel les rejoint allègrement le lecteur dubitatif. La lectrice cherchera par ailleurs longtemps ce que Laure peut bien trouver à ce triste malotru qui n’est même pas beau, et ne bande qu’une fois sur deux…

Alors oui, l’écriture de Maria Pourchet a une certaine tenue, un style sec et percutant, et c’est vrai qu’en relisant les passages retenus, j’y ai retrouvé quelques fulgurances. Mais la dimension hachée de l’ensemble, associée au cynisme d’un Clément qui ne sait s’exprimer que dans la dépréciation systématique de lui-même et des autres, finit par lasser.

C’est pour conclure assez déprimant, ça ressemble à un chant du cygne sans flamboyance, celui de deux êtres incapables de se libérer de leurs carcans respectifs pour s’ouvrir à la nouveauté d’un amour, et qui, en quête d’on ne sait trop quoi, sont tombés sur la mauvaise personne au mauvais moment.

Bof bof.

Commentaires

  1. Je lai lu (pas question de rater un roman de l'auteure), hé bien figure to i que ce n'est pas du tout son meilleur : allez, découvre en un autre!

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    1. Et je crois que c'est en partie chez toi que j'ai relevé le nom de l'auteure.... pas sûre que je lui donne une autre chance, en tous cas pas tout de suite !

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  2. Je me souviens, en effet, avoir lu beaucoup d'avis dithyrambiques sur ce livre. Grâce à toi, je ne regrette pas de ne pas avoir eu le temps de le lire. Merci.

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  3. Grosse déception pour moi aussi (pas de billet). J'avais tellement aimé "avancer" ...

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    1. Depuis ma lecture, et en fouinant un peu, j'ai trouvé en effet d'autres avis négatifs, et avançant pour la plupart les mêmes arguments que moi. A voir si je donnerai une autre chance à Maria Pourchet...

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  4. Toi et ton amie avez peu apprécié et tu as les arguments. Je ne débuterai la lecture de l'oeuvre de Maria Pourchet avec Feu.

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    1. C'est une sage décision ... je crois que tu peux aller voir chez Keisha avec quel titre tu pourrais découvrir l'auteure, qu'elle a beaucoup lu me semble-t-il.

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  5. Et donc désormais tu n'offriras plus que des livres que tu as lus :-)

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  6. Tu as bien fait de prendre des notes pour nous expliquer l'affaire... (je n'ai pas tout compris, malgré tout) (mais que cela ne t'inquiète pas, je n'ai pas l'intention de le lire)

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    1. Je crois que j'ai rarement occulté aussi vite les détails d'une intrigue. J'en avais même oublié la fin, qui est pourtant assez remarquable (en terme d'événement), c'est la fameuse amie qui me l'a rappelée !

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  7. Une amie me l'avait fortement déconseillé à sa sortie, avec ce seul commentaire : "je n'ai rien compris" ! Tu ne m'enlèves donc aucune tentation ... Et confirmes ma méfiance des bandeaux dithyrambiques. Ce que c'est agaçant ... Et en plus, comme il faut les enlever pour lire le livre, c'est juste du gaspillage.

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    1. Ton amie a été de meilleure conseil pour toi que moi pour la mienne... cela m'apprendra à offrir des livres que je n'ai pas lus !

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