LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Le grand saut" - Thibault Bérard

"Il nage dans le cauchemar d’un autre."

Léonard est surpris par un infarctus dans la maison de montagne où il vit en reclus depuis vingt-cinq ans. Son agonie est le théâtre d’une succession de réminiscences, épisodes de sa vie qui nous éclairent sur les raisons qui l’ont éloigné des siens.

Tel un spectateur de sa propre existence, il se revoit, au printemps 68, bel étudiant rêveur que la politique "emmerde", à l’écoute du bruit immense et généreux qu’il abrite en lui-même, dont il est persuadé faire sortir, un jour, une musique. Sans réelle logique chronologique, il est ensuite transporté face à Léonard en mari de Lize et jeune père de Tristan puis d’Emilie, se contentant d’un bonheur simple et familial, mais qui ne dure pas longtemps…  Poussé par son irrépressible besoin de vagabondage, son désir de retrouver l’ambitieuse liberté de sa jeunesse et la conviction que sa vie ne lui suffit pas, il saute sur l’occasion d’un travail qui l’envoie sur les routes, persuadé qu’il retrouvera l’impulsion littéraire. Il n'y trouve qu’un sentiment croissant de honte et d’échec, épuisant ses frustrations dans de sordides aventures sans lendemain.

C’est avec une profonde amertume qu’il assiste ainsi au ratage de sa vie, dont il prend douloureusement conscience d'avoir été l’unique responsable. Il s’est persuadé que les combats, les douleurs et les déceptions inhérentes à toute existence avaient été à l’origine de son renoncement à ses rêves, il s’est cru victime du prosaïsme du réel. Mais il voit bien avec le recul que cette liberté qu’il a chérie et tant recherchée était illusoire, qu’il s’est fourvoyé quant à ce qu’aurait dû être la grande aventure de sa vie, près des siens. En courant après des chimères et des ambitions qu’il n’avait en réalité pas les moyens d’atteindre, il est passé à côté de l’essentiel.

L’épreuve de vérité que représente l’agonie de Léonard est entrecoupée, en alternance, d’un récit impliquant Zoé, dix ans, que l’on découvre en haut du grand plongeoir d’une piscine où elle est montée par bravade, et qui hésite maintenant à renoncer, au risque de perdre la face… parmi le public en attente de son exploit son père, homme à la fois fort et doux qu’elle fait parfois tourner en bourrique mais qu’elle n’échangerait pour rien au monde, et sa mère, femme discrète aux rares mais précieux sourires, dont Zoé soupçonne qu’elle a un secret. Pour preuve cette étrange excitation qu’elle manifeste ces derniers temps, et qui est sans lien, l’enfant en est persuadée, avec la publication prochaine de son premier roman.

Mais au retour d’un mystérieux séjour auprès d’une famille dont elle ne parle jamais, l’excitation a fait place à une insurmontable détresse dont son époux et sa fille ne connaitront pas l’origine : la mère devenue mutique tombe en catatonie, et est internée en hôpital psychiatrique. 

Zoé l’entêtée, l’effrontément rêveuse, décide de mettre en œuvre tous les moyens possibles, y compris les vastes ressources de son imagination, pour la faire revenir.

Les liens unissant les deux pans de l’intrigue se tissent peu à peu, d’abord presque de manière subliminale, l’auteur insérant dans son texte des échos que leur dimension surnaturelle rend dans un premier temps obscurs. Cet aspect irréaliste de l’intrigue m’a empêchée d’y adhérer complètement, malgré la belle écriture de Thibault Bérard, et je dois avouer qu’à peine trois semaines après l’avoir lu, il ne m’en reste pas grand-chose.

Commentaires

  1. Un nouveau Frédéric Moreau et la petite Zoé... Effectivement, on ne te sent pas très enthousiaste.
    Nathalie

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    1. Tu sais qu'il a fallu que je recherche qui était Frédéric Moreau ?!! Bon, à ma décharge, ma lecture de "L'éducation sentimentale" remonte à très loin, et Flaubert n'a pas fait partie des auteurs étudiés au lycée en ce qui me concerne...
      Quant à ce titre, c'est bizarre parce qu'au moment de la lecture j'en avais un avis plutôt positif, qui s'est complètement délité avec le recul. Ce qui m'a perdue, c'est le côté surnaturel qui à mon avis gâche l'ensemble. Dommage...

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  2. Chic, tu ne donnes pas suffisamment envie, là je suis dans un gros machin pour les feuilles allemandes, je dois raison garder.

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    1. Il ne faut en effet pas se priver de "ne pas noter" aussi, parfois ! Je suis curieuse de connaître le titre de ce "gros machin" (ce ne serait pas La huitième vie ? ou l'autre roman de l'auteur, avec "mouette" -ou corneille ?- dans le titre ?)... j'ai été moins courageuse en ne choisissant que des titres courts pour cette édition germanophone 2023, comme il y a aussi les lectures sur la ville ..

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    2. Je ne suis guère tentée, et comme Keisha, ça m'arrange !

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    3. Je l'ai personnellement noté suite à de nombreux avis positifs (mais j'ai oublié où !) que je peux comprendre car je l'ai dévoré, et j'en ai apprécié l'écriture. Mais, je ne sais pas pourquoi, peut-être en raison de cette dimension surnaturelle qui à mon avis n'apporte rien au récit, il s'est rapidement effacé de ma mémoire...

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  3. Tu n'es pas assez emballée pour que je note, même si je suis intriguée par quelques aspects de l'histoire. Et puis ma PAL ......

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    1. C'est une bonne excuse pour ne pas le retenir, en effet... j'aurais dû moi aussi me montrer plus raisonnable (mais je n'avais lu que des avis positifs à son sujet, et je suis tombée sur un exemplaire d'occasion pas cher en bouquinerie...).

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  4. En effet, d’après ta chronique, ce n’est pas un livre sur lequel se jeter. Mais franchement n’as-tu jamais pensé écrire ? Tu as une plume superbe !

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    1. Ce titre a eu un très bon accueil lors de sa sortie (c'est d'ailleurs ce qui m'a incitée à le lire) et je lui reconnais des qualités, notamment stylistiques. Alors si l'aspect "surnaturel" (qui n'est pas non plus le principal sujet du livre) ne te gêne pas, tu peux peut-être quand même tenter...
      Et c'est gentil pour "ma plume" mais quand j'écris des billets, je fais sans doute pas mal de paraphrase, même involontairement, selon les notes prises en cours de lecture... et puis je n'ai pas grand-chose à raconter.. et je préfère lire !!

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  5. Ah mince, j'avais lu quelques avis très enthousiastes sur la blogo et j'étais sur le point de céder à la curiosité. Bon, comme beaucoup, ça m'arrange finalement de préserver ma PAL.:)

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    1. Oui, moi aussi, j'ai lu de très bons avis à son sujet comme je l'écris ci-dessus, et j'en attendais peut-être trop ? Concernant l'écriture, le plaisir a été au rendez-vous, mais je n'ai pas compris l'intérêt de ces incursions dans le surnaturel, qui nuisent à la crédibilité de l'intrigue. Sans doute suis-je trop terre-à-terre... disons que le surnaturel ou le fantastique ne me gênent pas quand je m'attends à en trouver..

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  6. un bien beau billet pour un livre qui ne me tente pas plus que ça.

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  7. Pas vraiment intéressée et quand tu parles de "dimension surnaturelle" encore moins !

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    1. Tu peux en effet passer ton chemin si cela te rebute..

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