"Chroniques d’une station-service" - Alexandre Labruffe
"Je pense à la cocazéroisation de l’humanité."
Il exerce dans une station-service de la périphérie parisienne qui fait face à un terrain vague, entourée d’un hôtel bon marché et d’une HLM inhabitée promise à la démolition. Dans ce lieu de de ravitaillement et de transit, il voit passer le monde en un ballet de départs et d’arrivées qui drainent des excités et des épuisés, des camionneurs et des automobilistes ivres, des habitués et des clients éphémères. Il y a les parents qui disputent des enfants rendus capricieux par l’abondance de cochonneries sucrées ou salées que propose la boutique, des jeunes de banlieue qui viennent siroter un thé glacé…
Principal dealer d’un mode de consommation rapide dont la station-service, "tremplin de tous les instincts", pourrait être l’emblème, il est pour ses clients au mieux un anonyme, au pire transparent, et se demande pourquoi il n’a pas encore été remplacé par un automate.
Il trompe l’ennui en visionnant en boucle des films de série Z, genre qu’il affectionne, en jouant aux dames avec son meilleur ami, et en observant le monde qui l’entoure. Il remarque ainsi que l’immeuble abandonné qui jouxte la station semble abriter des trafics nocturnes et probablement louches, écoute les disputes des clients de l’hôtel.
L’aventure, parfois, survient de manière inattendue, peut se transformer en péripéties vaguement inquiétantes.
Le narrateur, à la fois curieux et débonnaire, quoique un peu craintif, déroule son quotidien et les réflexions qu’il lui inspire en une succession de brefs paragraphes, certains constitués d’une phrase unique aux allures d’aphorisme.
"La Subaru est au prêtre ce que les bas résille sont aux nonnes."
Au fil de ses observations et des bribes de conversations captées par son oreille attentive, il digresse, se pose des questions qu’il dote toutes d’un même degré d’importance, qu’elles soient pratiques, pseudo-sociologiques ou existentielles, qu’il s’agisse de savoir où sont passés les poètes ou de vanter les avantages du radiateur à énergie fluide… En grand sensible, il sait déceler la beauté dans l’anodin ou le supposément laid, faisant entre autres l’éloge de la station-service et de son imagerie – de Tchao Pantin à Bagdad Café-, lieu de tous les possibles.
Perché, décalé? Tu as dit ce qu'il fallait!
RépondreSupprimerCe titre est clairement pour toi !
SupprimerPompiste ? Il ne sert pas l'essence quand même, ou alors c'est un roman historique ?
RépondreSupprimerNon, sa principal mission consiste à vendre du coca zéro, si on veut caricaturer !
SupprimerRepéré pour l'activité sur le monde du travail, j'aurai peut-être l'occasion de le lire avant la fin de l'année ! ;-)
RépondreSupprimerN'hésite pas à le caser d'ici là oui : il est très court, et c'est surtout un régal !
SupprimerVoilà qui me ferait sortir de ma zone de confort (l'humour décalé ne passe pas toujours chez moi). Le contexte de ma station service isolée me plaît bien.
RépondreSupprimerEt puis c'est très court, ça se dévore en un ou deux trajets de tram ou de métro... ce serait dommage de s'en priver !
SupprimerBonjour Ingannmic!
RépondreSupprimerC'est une lecture qui date, pour moi, mais dont je garde un assez bon souvenir. En particulier, ce livre démontre bien qu'une station-service est un lieu vivant où l'on ne s'ennuie pas forcément...
Bonne semaine à toi!
Bonjour Daniel, en tous cas, notre pompiste a l'art de s'occuper avec peu, pour notre plus grand plaisir... j'ai vraiment passé un excellent moment !
SupprimerBonne semaine à toi aussi,
il donne bien envie ce livre, j'aime bien ce regard décalé sur nous-mêmes
RépondreSupprimerIl est vraiment savoureux, j'ai adoré le ton, l'humour décalé, la poésie qui se dégage comme par inadvertance des considérations du narrateur sur le monde qui l'entoure.
SupprimerJ'aime bien ce type de romans, tranches de vie un peu décalées, souvent humoristiques
RépondreSupprimerAlors n'hésite pas, j'ai du mal à imaginer qu'il pourrait ne pas te plaire...
SupprimerJe savais que ce narrateur ne pouvait que te plaire, avec ces "micros aventures" décalées, j'avais adoré l'idée des expositions clandestines, l' habituée du mardi .... Et ces observation philosophes sur le monde comme il va, un peu de travers quand même.
RépondreSupprimerCette lecture a été un régal, j'ai bien souvent ri, le narrateur a un côté à la fois un peu naïf et philosophe qui fait souvent mouche. J'ai entendu parler en très grand bien de son dernier titre, que je lirai probablement (mais plus tard, quand il sortira en poche).
SupprimerJe l'avais noté à sa sortie ; maintenant qu'il est en poche, je n'ai plus d'excuse .. Il me semble qu'il vient de sortir un nouveau roman.
RépondreSupprimerOui, il vient de sortir Cold case, qui reçoit un excellent accueil (mais j'attendrai sa sortie poche :).
SupprimerJ'adore ce cadre spatial, si en plus c'est drôle et décalé, je signe tout de suite !!
RépondreSupprimerEt tu as bien raison, ce n'est que du plaisir en perspective !
SupprimerUn cadre inattendu mais bien exploité d'après ta chronique - ça semble vraiment tentant! Mais que sont ces mystérieuses "cochonneries sacrées" pour enfants capricieux qu'on trouve en station-service?
RépondreSupprimerDrôle de lapsus... c'est rectifié ! Et oui, la station-service, lieu a priori dénué de tout charme et de tout intérêt, se pare ici d'une dimension quasi poétique...
Supprimerah une bonne surprise donc, du coup loin de Tchao Pantin (parce que c'était triste ...)
RépondreSupprimerOui, là, on rit, même si ce que constate le narrateur de nos modes de vie, à travers ses clients, n'est pas toujours très réjouissant..
SupprimerJe prie pour que la cocazéroisation de l’humanité ne se fasse pas ! :-D
RépondreSupprimerJe crains qu'elle soit déjà en cours...
SupprimerElle ne passera pas par moi !
SupprimerBonsoir Ingannmic, c'est vrai qu'il peut se passer de choses intéressantes dans une station-service. Il y a un échantillon de l'humanité qui s'y croise. Je note ce roman? récit? Je ne connais pas l'écrivain. Bonne soirée.
RépondreSupprimerCoucou Dasola, tu as raison, il y a dans ces endroits remplis d'allées et venues un potentiel aventureux et romanesque qui n'échappe pas, pour notre plus grand plaisir, au narrateur !
SupprimerJ'adore ce genre de romans ancrés dans les lieux du quotidien. Une station-service, un supermarché... Il y a là tout un condensé de la société... Je note de ce pas!
RépondreSupprimer(C'est Marie-Claude ?) Oui, fonce, c'est hilarant et en même temps plein de poésie et d'humanité !
SupprimerOui, c'était bien moi! Un bug Google! Je vais foncer, suite à ta recommandation.
SupprimerJe t'ai tout de même reconnue !
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