"L’île des âmes" - Piergiogio Pulixi
"Les bons flics sont de méchants flics."
Mara Rais a aussi, en quelque sorte, été mise au placard. Son caractère emporté lui vaut souvent des déboires avec ses supérieurs, et sa grande gueule ferait presque oublier ses qualités d’enquêtrice. Harcelée par un collègue, elle n’a trouvé aucun soutien parmi ses collaboratrices, et la situation a fini par se retourner contre elle. Virée de la section des homicides, elle se retrouve ainsi sous la houlette d’Eva, ce qui est loin de la réjouir.
Elles constituent un duo a priori très hétéroclite, la première affichant, avec ses rangers, ses jeans déchirés et son piercing au nez, des allures de rockeuse fatiguée, quand la seconde, très coquette, est toujours tirée à quatre épingles et soigneusement maquillée.
Leur première enquête est presque un service qu’on leur demande de rendre à Moreno Barrali, atteint d’un cancer en phase terminale, mais qui continue, après quarante de carrière en tant qu’inspecteur, d’être obsédé par l’affaire irrésolue qui a foutu sa carrière en l’air, celle de meurtres rituels de jeunes filles qui n’ont jamais pu être identifiées. Or, la récente disparition de Dolores Murgia a, il en est persuadé, un lien avec ces crimes.
Au fil de leurs investigations et des rebondissements qui les pimentent, les deux héroïnes s’apprivoisent. Sous ses airs revêches, et malgré ses vannes un peu lourdes, Mara se révèle d’une lucidité diabolique, et les deux enquêtrices, aussi pugnaces l’une que l’autre, trouvent assez vite la voie de leur complémentarité.
L’intrigue, agréablement rythmée par ses courts chapitres, est l’occasion d’une incursion fort dépaysante dans cette autre île de beauté, l’auteur nous emmenant dans ses recoins les plus reculés et les plus obscurs, à la rencontre d’insoumises populations rurales vivant en quasi-autarcie, selon d’ancestrales traditions pastorales qui ponctuent leur vie de rituels archaïques et souvent violents. Ils sont de même régis par leurs propres lois, ataviques, selon lesquelles ils appliquent leur idée bien personnelle de la justice. Dans les zone plus peuplées de l’île, où la modernité, ravageant les hommes comme le milieu naturel, a eu raison du mode de vie séculaire, il ne reste que de vagues traces du culte des défunts dont on pensait qu’ils vivaient, dans une dimension parallèle, une existence en tous points semblable à la précédente. Certains, en quête d’un retour à cette spiritualité primitive, s’égarent dans des communautés sectaires renouant soi-disant avec le culte nuragique que pratiquaient les sardes de la Protohistoire.
J'ai adoré le duo détonante formé par les deux enquêtrices et leurs joutes verbales. Le contexte autour de la société agropastorale sarde et les cultes nuragiques est passionnant (je pense qu'on peut parler d'ethno-polar). Bref, j'ai tellement aimé ce premier volet de la série que j'ai voulu continuer. Les romans de Pulixi étant pris d'assaut à la bibli, je suis passée directement au tome 4. Là, déception malheureusement ! Les dialogues si croustillants dans le premier tome deviennent poussifs dans le 4ème et de plus en plus vulgaires. L'auteur en fait vraiment trop de tout au détriment de l'intrigue. Du coup, je ne continuerai pas.
RépondreSupprimerEn effet, je n'ai pas du tout été emballée par ce polar qui m'a semblé un peu trop cliché. Mais ça se lit vite !
RépondreSupprimerJe crois avoir lâché un polar de l'auteur... Celui-ci?
RépondreSupprimerJ'ai le premier de l'auteur à découvrir, "Le chant des innocents". J'espère apprécier !
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