"La reine de l’Idaho" - Thomas Savage
"Il y a des femmes qui ont des diamants. Elle avait quatre filles et dix mille moutons."
Il faut d’abord écouter l’écrivain Tom Burton nous parler de cette lettre que lui envoie sa tante pour lui apprendre qu’une certaine Amy McKinney, adoptée à sa naissance, prétend être sa sœur. Tom n’y croit pas une seconde : il est impossible que sa mère ait pu abandonner un enfant.
Nous faisons ensuite connaissance avec la fameuse Amy, élevée par un couple de presbytériens que son adoption a consolé de la perte d’un petit garçon. Elle a grandi, aux côtés des McKinney, dans un environnement régi par de rigides principes moraux et l’attachement aux valeurs matérielles. Une vie faite d’ennui, propre et sans profondeur, alternant semaines "d’une confortable stérilité" et dimanches aseptisés. En apprenant à leur mort le secret de ses origines, elle est déchirée entre besoin de quête identitaire et sentiment de trahir ses parents adoptifs.
Puis les insipides McKinney font place à des protagonistes de l’aventureuse conquête de l’Ouest, ascendants de Tom Burton. C’est le cœur du récit, là où ça palpite. L’Idaho est alors un tout jeune état où les Sweringen sont venus tenter leur chance, attirés comme tant d’autres par la promesse de l’or. Et la chance leur sourit… C’est donc un homme fortuné que rencontre Emma Russell en la personne de leur fils Thomas lorsqu’elle s’installe dans le coin en tant qu’institutrice. Elle n’est pas belle mais sacrément futée, visionnaire et indépendante. En épousant le jeune Sweringen, doux rêveur davantage passionné par la nature et la culture indienne que par l’argent, elle assure le maintien de leur prospérité familiale en se lançant dans l’élevage de moutons.
Le récit se construit d’une manière un peu chaotique, entre chemins de traverse et allers-retours temporels, et bien que le tableau d’ensemble soit finalement cohérent du point de vue de l’intrigue, j’ai trouvé ses différentes parties un peu inégales, m’intéressant moins à celles, contemporaines, portées par Tom -émaillées de digressions et d’observations anodines- ou Amy, qu’aux épisodes d’un passé qui m’a semblé bien plus passionnant, car peuplé de héros plus mémorables. J’ai d’ailleurs regretté la fugacité avec laquelle sont traités certains personnages secondaires (je pense notamment aux tantes de Tom) qui auraient à mon avis mérité davantage de visibilité.

Comme je n'ai ^pas lu l'auteur, autant choisir l'autre titre?
RépondreSupprimerJ'ai lu l'incontournable Pouvoir du chien de cet auteur, (et l'ai beaucoup aimé), je ne suis pas sûre de lire celui-ci un jour...
RépondreSupprimerJe suis à moitié tentée, j'avais beaucoup aimé Le pouvoir du chien, mais celui-ci a l'air un peu plus confus.
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