LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"L'ancre des rêves" - Gaëlle Nohant

Cauchemars iodés.

« L’ancre des rêves » est introuvable en librairie, et ma bibliothèque, qui propose pourtant un choix d’œuvres relativement intéressant, ne le compte pas dans ses rayonnages.
Voilà pourquoi j’ai tant tardé à m’atteler à cette lecture, prévue depuis bien longtemps, les critiques publiées sur divers blogs m’ayant fortement donné envie !…
Beaucoup d’attente, donc… pour finalement dévorer ce livre en deux jours, ou plutôt me faire dévorer par lui, engloutir par son histoire, emmener par ses personnages dans les limbes effroyables et troubles des cauchemars nocturnes.

Les hôtes de ces cauchemars sont les fils Guérindel : Guinoux, Lunaire et Benoît, âgés de 12 à 15 ans (la cause des pleurs du petit dernier, Samson, restant incertaine). Chaque nuit, ce sont les mêmes mauvais rêves qui reviennent les hanter, peuplés de morts défigurés, de mères qui noient leurs petites filles… La mer y est omniprésente, à tel point que Lunaire, notamment, se réveille imprégné d’une odeur de poisson. Les enfants taisent à leurs parents ces incursions en territoire étrange et dangereux, car ils ont pressenti qu’il s’agit là d’un sujet tabou, notamment pour leur mère Enogat, qui semble nourrir vis-à-vis de la mer un sentiment de répulsion.
En suivant le fil de ces sombres épopées oniriques, nous découvrons peu à peu les histoires tragiques de 3 générations de bretons issus du village de Ploubalay…

Avec une maîtrise remarquable de son récit, Gaëlle Nohant parvient à aborder, à travers les mésaventures des enfants Guérindel, une multitude de problématiques qui toutes s’assemblent parfaitement, du poids des secrets de famille qui compromettent insidieusement l’épanouissement des individus à l’évocation des tâtonnements adolescents et enfantins face aux difficultés à se trouver une place dans la fratrie, à s’émanciper et s’assumer comme des êtres à part entière, à s’affranchir des angoisses transmises par les parents pour enfin oser affronter le monde.
Le lieu, aussi, m’a semblé important. J’ai eu parfois le sentiment qu’à travers l’esprit des jeunes garçons, c’était l’âme de la Bretagne qui s’exprimait, terre de fantômes ayant sacrifié à la mer tant de ses hommes, sur lesquels elle exerçait pourtant une irrésistible attraction, contre laquelle même l’amour des épouses et des enfants ne pouvaient lutter.

Un récit passionnant, touchant, fort bien rythmé, et porté par une atmosphère subtilement fantastique, dans lequel les revenants puisent la terreur qu’ils inspirent d’une cruauté humaine tout à fait réelle. C’est aussi à nos propres peurs d’enfant que fait appel « L’ancre des rêves », ravivant les souvenirs de frayeurs nocturnes plus ou moins justifiées…

Lorsque vous tombez par bonheur sur ce genre de roman, qui vous happe et vous transporte, je ne sais pas vous, mais moi j’éprouve une immense gratitude pour celui ou celle qui m’a permis de vivre cette belle découverte. L’avantage, avec « L’ancre des rêves », c’est que je peux, pour une fois, m’adresser directement à son auteure pour lui exprimer cette gratitude.
Alors… Merci Gaëlle !
Et finalement, je ne regrette pas d’avoir tant traîné à le lire, j’attendrai ainsi moins longtemps avant la parution de ton prochain roman !

Commentaires

  1. Oh, déjà introuvable ? C'est curieux et dommage comme les livres peuvent être éphémères.
    J'aurais pu te le prêter. :)

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