LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Le diable, tout le temps" - Donald Ray Pollock

Une expérience salissante mais indispensable...

Je crois que c'est la première fois qu'un roman suscite en moi une telle réaction...
Au cours de ma lecture du deuxième titre de Donald Ray Pollock, j'ai régulièrement éprouvé une irrépressible envie de ... me laver !
Une réaction je l'avoue bien prosaïque, et qui pourrait paraître quelque peu déplacée dans un contexte littéraire.
Et pourtant, les meilleurs livres ne sont-ils pas ceux qui provoquent en nous des émotions étranges et fortes, inattendues voire incongrues ?
Car si "Le diable, tout le temps" a eu sur moi un tel effet, vous vous doutez bien que ce n'est pas parce, plongée assidument dans ma lecture, j'en ai omis, plusieurs jours durant, de me doucher... Ni parce que l'ouvrage que je tenais entre les mains était d'une saleté repoussante (d'ailleurs, il était neuf) !!

Non, ce besoin est né de l'atmosphère dont l'auteur imprègne son roman, et qui ne se contente pas d'être glauque, sordide, désespérée... elle constitue une substance poisseuse qui vous colle à l'esprit, vous englue le cœur au point de vous rendre presque nauséeux.

Inutile de vous résumer l'intrigue : tout est dit dans le titre. "Le diable tout le temps" semble s'acharner à démontrer l’omniprésence du mal. Qu'il n'existe de salut pour quiconque dans ce monde de violence, de médiocrité, de démence et de fanatisme. Que le seul moyen de survivre dans cette jungle, c'est d'oublier tout scrupule et toute morale. Qu'il est inutile de compter sur les institutions censées garantir les justice et la sécurité : la police, l'église, sont infestées par la malfaisance et la corruption.
L'humanité de Donald Ray Pollock est laide et cruelle, composée d'individus qui agissent selon leurs instincts, souvent pervers, courant ainsi droit à leur perte.

Voici un roman qui vous plonge dans la consternation et une sorte de dégoût, un roman très fort, qui prend aux tripes et qu'il faut lire absolument (au cas où, compte tenu de ce qui précède, ce ne serait pas vraiment clair) !
Les amateurs du genre comprendront...
Quant à ceux qui ne goûtent pas particulièrement le noir en littérature, mais qui auraient tout de même envie de tenter l'expérience, je vous conseillerai de vous lancer non pas munis d'une savonnette désinfectante, mais d'un cœur bien accroché !!

Et si vous voulez en savoir plus sur les personnages qui peuplent cet enfer, et le contexte dans lequel ils se débattent, je vous invite à lire l'avis de Sandrine, grâce auquel j'ai découvert ce titre.

Commentaires

  1. Quelle étrange expérience de lecture en effet ! Et tu sais, je cherche encore à caractériser la compagne du photographe : elle n'est même pas perverse, ni totalement bête, et pourtant elle fait ce qu'elle fait... j'aimerais bien que ce genre de personne n'existe que dans les livres...

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    1. C'est vrai que c'est un personnage singulier, dont on ne comprend pas vraiment les motivations. On pourrait la croire passive, ou trop influençable... mais non, certains passages démontrent qu'elle est tout à fait capable d'imposer son point de vue, de réfléchir par elle-même... Serait-elle pour l'auteur le symbole de la "banalité du mal", la preuve que n'importe qui, selon le contexte, peut se laisser aller à la barbarie ?
      A moins que cette espèce d'indifférence qu'elle semble afficher ne soit le résultat d'une enfance et d'une jeunesse qui l'a amputée de la capacité à s'émouvoir, à faire preuve d’empathie ?

      En tous cas, je te remercie pour ton excellent conseil, tu avais raison de penser que ce roman me plairait.

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  2. J'avoue ne pas trop comprendre l'engouement de certains. Je l'ai chroniqué et l'ai trouvé assez surévalué et surtout surjoué comme on dirait au cinéma. Bref trop c'est trop. Ce n'est bien sûr que mon avis.

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    1. En fait je me demande si ce n'est pas justement cela qui m'a plu : le fait que l'auteur ne fixe pas de limites à la violence et à la cruauté. Il aurait pu glisser dans le tableau un "gentil" personnage qui s'en sort bien, mais non, tous ceux qui semblent capables d'un peu d'humanité, soit se font écraser, soit sont obligés de verser eux-mêmes dans la violence... Et tant pis si du coup, cela peut ne pas paraître toujours crédible, c'est ce qui fait selon moi la force de ce bouquin, puisque c'est ce qui contribue à le doter de cette atmosphère poisseuse, oppressante.. et j'aime ça !
      Mais je peux aussi comprendre ton point de vue ..

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  3. Je comprends bien ton expérience de lecture ! Il est fort ce bouquin, effectivement, noir intense, du genre à chambouler les méninges .... Moi, ce sont les deux prédicateurs qui m'ont le plus marquée. Je te conseille la lecture de ses nouvelles, (quand tu auras fait une réserve de savons à l'eau de rose pour compenser), elle sont de la même poisseur ( et qualité)

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    1. Ah, je note alors !! Sont-elles sorties en poche ?

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    2. Pas vraiment en poche, mais presque ... "Knockemstiff" chez Libretto. Je te mets l'incipit de la première nouvelle : "Un soir d’août au Torch Drive-in quand j'avais sept ans, mon père m'a montré comment faire mal à quelqu'un. Il n'était bon qu'à ça. C'était il y a des années, quand aller au cinéma en plein air était encore une nouveauté dans le sud de l'Ohio. Ils donnaient Godzilla, et en première partie un film de soucoupes volantes à la con qui montrait comment des moules à tarte pouvaient conquérir le monde." Et c'est parti ....

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  4. Eh ben ! Ton avis et celui de Sandrine (que je suis allée lire juste après) m'ont pas mal intriguée. C'est une nouveauté de la rentrée ?

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    1. Pas du tout, bien que la sortie en poche soit récente. Donc, il ne faut pas s'en priver !

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  5. J'ai eu le malheur de le lire peu après avoir lu "Le seigneur des porcheries". J'ai donc été plutôt déçue car il ne souffre pas vraiment la comparaison avec Tristan Egolf. Mais je lui reconnais certaines qualités.

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    1. Il est en effet difficile de tenir la comparaison avec un tel monument !
      Ceci dit, je ne crois pas qu'il me viendrait à l'esprit de les comparer. Il y a dans Le seigneur des porcheries une dimension épique qui en fait un moment de lecture extrêmement réjouissant.
      Alors que Le diable tout le temps ne m'a pas vraiment réjouie (mais ça, je crois que tout le monde l'aura compris..).

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  6. ce bouquin fait partie de ces trop nombreux livres que j'ai en bibliothèque mais que je n'ai pas encore eu la chance et le plaisir de livre ! J'avoue que 9 vie de chats m'iraient bien pour lire tous les bouquins que je souhaite dévorer ! :) J'avais eu la chance de rencontrer cet auteur à Lyon avant le buzz de son roman, c'est en plus d'être un auteur talentueux semble t'il, un gars d'une grande gentillesse avec qui j'ai peu parlé malheureusement ne parlant pas l'anglais ;)

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    1. J'espère que ce roman te plaira autant qu'à moi, mais je suis sûre que oui, te sachant adepte du noir...
      Sue le conseil d'Athalie (ci-dessus) je viens d'enrichir ma PAL avec son recueil de nouvelles, "Knockemstiff". Si une lecture commune te tente...

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  7. Dans la pal mais à chaque fois, je me détourne... Son tour viendra.

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    1. J'espère que ce jour-là, tu seras toi aussi emballée par sa "glauquitude" !!

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  8. Ca m'a bien fait rire ton histoire de douche. Ca me donne une très bonne idée de ce qui m'attend (quand je me déciderai).

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