"Le diable, tout le temps" - Donald Ray Pollock
Une expérience salissante mais indispensable...
![](https://3.bp.blogspot.com/-hRmdEv5JAVE/U_MKrK2LsWI/AAAAAAAAE2k/HJfocInht0Y/s1600/pollocj.jpg)
Au cours de ma lecture du deuxième titre de Donald Ray Pollock, j'ai régulièrement éprouvé une irrépressible envie de ... me laver !
Une réaction je l'avoue bien prosaïque, et qui pourrait paraître quelque peu déplacée dans un contexte littéraire.
Et pourtant, les meilleurs livres ne sont-ils pas ceux qui provoquent en nous des émotions étranges et fortes, inattendues voire incongrues ?
Car si "Le diable, tout le temps" a eu sur moi un tel effet, vous vous doutez bien que ce n'est pas parce, plongée assidument dans ma lecture, j'en ai omis, plusieurs jours durant, de me doucher... Ni parce que l'ouvrage que je tenais entre les mains était d'une saleté repoussante (d'ailleurs, il était neuf) !!
Non, ce besoin est né de l'atmosphère dont l'auteur imprègne son roman, et qui ne se contente pas d'être glauque, sordide, désespérée... elle constitue une substance poisseuse qui vous colle à l'esprit, vous englue le cœur au point de vous rendre presque nauséeux.
Inutile de vous résumer l'intrigue : tout est dit dans le titre. "Le diable tout le temps" semble s'acharner à démontrer l’omniprésence du mal. Qu'il n'existe de salut pour quiconque dans ce monde de violence, de médiocrité, de démence et de fanatisme. Que le seul moyen de survivre dans cette jungle, c'est d'oublier tout scrupule et toute morale. Qu'il est inutile de compter sur les institutions censées garantir les justice et la sécurité : la police, l'église, sont infestées par la malfaisance et la corruption.
L'humanité de Donald Ray Pollock est laide et cruelle, composée d'individus qui agissent selon leurs instincts, souvent pervers, courant ainsi droit à leur perte.
Voici un roman qui vous plonge dans la consternation et une sorte de dégoût, un roman très fort, qui prend aux tripes et qu'il faut lire absolument (au cas où, compte tenu de ce qui précède, ce ne serait pas vraiment clair) !
Les amateurs du genre comprendront...
Quant à ceux qui ne goûtent pas particulièrement le noir en littérature, mais qui auraient tout de même envie de tenter l'expérience, je vous conseillerai de vous lancer non pas munis d'une savonnette désinfectante, mais d'un cœur bien accroché !!
Et si vous voulez en savoir plus sur les personnages qui peuplent cet enfer, et le contexte dans lequel ils se débattent, je vous invite à lire l'avis de Sandrine, grâce auquel j'ai découvert ce titre.
Commentaires
A moins que cette espèce d'indifférence qu'elle semble afficher ne soit le résultat d'une enfance et d'une jeunesse qui l'a amputée de la capacité à s'émouvoir, à faire preuve d’empathie ?
En tous cas, je te remercie pour ton excellent conseil, tu avais raison de penser que ce roman me plairait.
Mais je peux aussi comprendre ton point de vue ..
Ceci dit, je ne crois pas qu'il me viendrait à l'esprit de les comparer. Il y a dans Le seigneur des porcheries une dimension épique qui en fait un moment de lecture extrêmement réjouissant.
Alors que Le diable tout le temps ne m'a pas vraiment réjouie (mais ça, je crois que tout le monde l'aura compris..).
Sue le conseil d'Athalie (ci-dessus) je viens d'enrichir ma PAL avec son recueil de nouvelles, "Knockemstiff". Si une lecture commune te tente...