"Le Château du Baron de Quirval" - Jae-hoon Choi
Digressions.
Comme dans "Sept yeux de chats", Jae-hoon Choi prend le lecteur à contre-pied en l’emmenant avec ce titre à travers des chemins surprenants, sans lien apparent les uns avec les autres.
Comme dans "Sept yeux de chats", Jae-hoon Choi prend le lecteur à contre-pied en l’emmenant avec ce titre à travers des chemins surprenants, sans lien apparent les uns avec les autres.
La première partie du roman annonce en quelque sorte l'éclatement narratif à venir, en explorant de manière protéiforme un sujet manifestement central : l'histoire du Baron de Quirval, sorte d'amalgame du conte de Barbe-bleue et du mythe Draculien, évoquant le cannibalisme dudit Baron, qui mangeait de jeunes enfants pour atteindre l'immortalité. A l'origine de cette fable macabre, un certain Perrault (non pas Charles, mais Michel) qui dans les années trente, écrit un récit s'inspirant d'une histoire que lui racontait sa grand-mère, qui fût ensuite adaptée pour le grand écran par un réalisateur hollywoodien dans années 60, puis par un cinéaste coréen au début des années 2000. Le parcours de cette oeuvre et de ses variantes nous est exposé par fragments que l'on capte au gré d'une ballade effectuée à travers le temps, en assistant à une entrevue entre Michel Perrault et son éditeur, en lisant la transcription d'un cours universitaire traitant de la place des femmes dans le cinéma puis celle d'un entretien téléphonique entre l'actrice principale et le producteur de la première adaptation filmique... et la liste est loin d'être exhaustive.
Et puis vous quittez brutalement le Baron de Quirval pour vous retrouver aux côtés de Sherlock Holmes enquêtant sur le meurtre de Conan Doyle, avant d'être projeté dans l'intimité d'une coréenne d'aujourd'hui qui, en se remémorant ses années étudiantes, s'interroge sur les fluctuations de sa mémoire... et ce n'est que le début des revirements auxquels vous soumettra Jae-hoon Choi tout au long de son récit.
Multipliant les modes narratifs, il nous fait lire des lettres ou des articles de journaux, assister à une consultation psychiatrique, rencontrer des héros de la mythologie, ou nous entretenir par téléphone avec Mary Shelley... mais nous côtoyons aussi parfois d'anonymes personnages à l'esprit torturé...
S'appuyant sur les mythes inspirant nos psychés et nos fictions, il explore avec virtuosité les diverses possibilités du romanesque, détournant pour mieux leur rendre hommage les codes du thriller psychologique, du policier, de l'horreur...
Où tout cela nous mène-t-il ? Il vous faudra attendre les pages ultimes du roman pour le savoir... ou pas. La conclusion, obscure et expéditive, m'a en effet personnellement laissé sur ma faim. Mais cela ne m'a pas empêché d'éprouver un immense plaisir à la lecture de tout ce qui la précède !
Une idée piochée chez A_Girl_From_Earth, qui me permet par ailleurs de participer au Challenge coréen qu'organise Cristie :
Dommage pour la fin, mais tu sembles avoir été globalement assez satisfaite... (Goran : http://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerOui, j'ai aimé ma lecture, bien que la fin soit un peu décevante. A lire tout de même !
SupprimerCe n'est pas la destination, mais le voyage qui compte, alors? Déjà pas si mal!
RépondreSupprimerC'est exactement ça, et cela reste un très bon roman !
SupprimerAaah le billet tant attendu ! Je te rejoins sur la fin et le fait que cela n'empêche que ce livre vaut largement le détour. Mais quand même, dommage pour cette fin.:) Dommage aussi qu'il n'y ait pas d'autres romans de cet auteur pour l'instant, je me serais précipitée sans hésiter.
RépondreSupprimerOui je suis d'accord, il vaut le détour pour son originalité et sa richesse. J'ai préféré Sept yeux de chat, mais c'est peut-être parce qu'il y avait le plaisir de la découverte. Là je m'attendais à être prise à contre-pied !
SupprimerTu viens de me perdre! Sur ce coup, impossible de te suivre. Sans rancune!
RépondreSupprimerCela en fait un de moins à noter, mais c'est dommage... il est très bien ! Ceci dit, il faut aimer les intrigues sans réel fil conducteur ..
SupprimerJ'avais adoré les 7 yeux du chat, celui-ci est déjà noté :-)
RépondreSupprimerDans ce cas, je pense qu'il te plaira, on y retrouve la même originalité, et la volonté de l'auteur de désarçonner le lecteur..
SupprimerJe n'aime pas beaucoup les ruptures narratives de ce genre. En plus tu as été déçue par la fin .. je préfère passer mon chemin.
RépondreSupprimerMa déception finale ne doit pas être un argument pour ne pas le lire, car le reste du récit est très bien. Par contre, si tu n'aimes pas les ruptures narratives, je te le déconseille en effet...
Supprimertu as fait fort : perdre le caribou ! moi c'est quand tu as parlé de la fin du roman, que le soufflé est retombé d'un coup !
RépondreSupprimerOh c'est dommage, ce n'est pas ce qui compte au final... mais tu peux lire, en revanche, Sept yeux de chat, excellent aussi, et construit sur le même principe, j'avais adoré !
SupprimerPersonnellement tu ne m'as pas perdu. Il m'a l'air surprenant et hors des sentiers battus. J'aimerais beaucoup le lire.
RépondreSupprimerEt tu as bien raison ! Je te recommande aussi Sept yeux de chat (que j'ai même préféré, je crois) du même auteur.
SupprimerÇa semble dur à suivre tout ça... même si tu sembles avoir été conquise (à part la fin).
RépondreSupprimerCe n'est pas dur à suivre, si on accepte de suivre les différents pans de l'intrigue sans chercher de lien les unissant... Ça se lit presque comme un recueil de nouvelles, finalement.. et j'ai aimé, oui, la fin n'a pas tant d'importance, même si cela aurait été un plus si elle avait permis d'éclairer le reste !
SupprimerSept yeux de chats me tentait beaucoup, mais il n'est plus disponible ... Et malgré le voyage agréable, je n'ai pas envie de retomber comme un soufflet, alors tant pis. Je vais me trouver un autre auteur coréen pour participer au challenge.
RépondreSupprimerTu trouveras plein d'idées chez Cristie. De mon côté j'ai noté La pierre tombale ou L'oiseau de Oh Jung-hi. Si une LC te tente, sachant que le challenge se poursuit jusqu'en 2021, ça laisse le temps..
SupprimerEt quel dommage pour Sept yeux de chats, c'est un titre qui mérite pourtant une large diffusion..