"Le prêtre fou et les trente-sept vierges de Santa Rosa" - Telmo Herrera
Délire équatorien.
Bien qu’à cent trente-sept kilomètres seulement de la capitale, Pinto est quasi inaccessible. Aucune route ne mène à la bourgade par ailleurs dépourvue d’électricité. Survolé par une pluie qui n’y tombe jamais, envahi par le chiendent et secoué de fréquents tremblements de terre qui peu à peu le rayent de la carte, c’est un village solitaire, archaïque, où alternent nuits étouffantes et journées glaciales. Tous ses jeunes sont partis, il y a longtemps déjà, pour l’Europe, les Etats-Unis, ou l’Australie, répondant à l’appel de l’argent et du modernisme. En attente de leur retour promis mais qui jamais n’advient, les villageois sont comme restés hors du temps, épargnés par la vieillesse, mais dédaignés par la vie, figés dans un éternel et mortifère espoir qui semble avoir privé même les arbres de leur vigueur. Seules figures remarquables parmi cette masse inerte et anonyme : La Niña, fille du sacristain et unique représentante de la jeune génération à n’avoir pas fui le village, prodigue ses faveurs au curé avec une libéralité décomplexée, et celui que ses concitoyens ont surnommé Le Poète cache sous ses airs de simple d’esprit la clé de secrets présidant à la destinée du village.
L’arrivée d’un vieil homme très mal en point, en quête d’un
pont mystérieux et oublié, associé à un obscur rituel suicidaire, va faire
basculer le destin de Pinto, et donner au parcours de notre pseudo-curé fugitif
un nouvel élan.
Une succession d’événements aventureux le mène à Santa Rosa,
village déserté par les hommes, et comptant parmi sa population exclusivement
féminine trente-sept vierges en manque d’un partenaire pour assouvir leurs
vigoureuses pulsions. L’arrivée du docteur, que sa soutane désigne de fait pour
remplacer le curé du village lui aussi parti, suscite convoitises et tensions…
Quelle belle surprise que la découverte de ce roman atypique, qui mêle les genres en une parfaite osmose. Récit d’aventures aux accents érotiques, le sexe s’y associe à des rites parfois pervers et cruels, le surnaturel s’insinue dans une réalité souvent brutale et sordide. C’est à la fois débridé et maîtrisé, poétique et empreint de sauvagerie. Les tribulations du héros sont contées avec une drôlerie sous laquelle point une tristesse amère à l’idée de ses amours perdues et de la mère qu’il n’a jamais connue, ou à l’occasion d’une allusion au sort fait aux indigènes de cette Amérique du sud que l’invasive religion catholique puis la valse des dictateurs a plombé d’une intolérante rigueur et d’une sempiternelle violence. Électrons libres ou individus carrément déments, les étranges personnages de ce réjouissant roman s’appliquent à renier tout dogme établi, ne reconnaissant ni dieu ni maître, se laissant porter par une intuition dont ils assument naturellement la dimension primitive.
Oh! Oh! Ca m'a l'air bien sympathique ce machin-là ! Je le note...
RépondreSupprimerOh oui, très sympathique ! Une découverte faite complètement par hasard, en quête d'un titre équatorien disponible en librairie, et un vrai régal, je me suis bien amusée.
SupprimerQuel pays? Cela pourrait être bien
RépondreSupprimerActuellement je suis dans un roman mexicain, il semble que ça se passe (enfin!) bien
Equateur, et oui, c'est très distrayant, riche en rebondissements, une découverte inattendue !
SupprimerJe recopie le commentaire du Bouquineur. Bien barré, je note !
RépondreSupprimerIl devrait en effet te plaire !
SupprimerLe voilà donc ce roman sur le prêtre fou... Et ça semble carrément géniale, tu nous proposes une sacrée découverte... (Goran : http://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerC'est pour l'instant mon coup de cœur de ce mois latino...
SupprimerCelui-là, je le note. Ambiance atypique, personnages farfelus, tout m'attire vers ce bouquin, mais voilà que je lis sur l'éditeur "Indigo - Côté femmes". Je me serais donc trompé de côté ? C'est comme pour les toilettes ?
RépondreSupprimerOui, la maison publie essentiellement des textes écrits par des femmes, mais aussi traitant des rapports entre les sexes, sans doute que ce titre entre dans cette 2e catégorie... à lire en tous cas, c'est l'assurance de passer un moment réjouissant !
SupprimerOuah ouh ! belle découverte, dis donc ! Je note !
RépondreSupprimerUne lecture qui m'a fait du bien, où tout semble exhaussé : la violence, le sexe, mais de manière très cocasse..
SupprimerUn sacré roman on dirait ! je vais voir si je le trouve à la bib il est très tentant.
RépondreSupprimerJ'ai dû le commander, j'ai peur qu'il se fasse très rare en bibliothèque..
SupprimerJe ne me fais pas une idée très nette de ce roman, mais tout ce que tu en dis me fait penser qu'il n'est pas pour moi. Plus à cause du côté surnaturel que le reste d'ailleurs ..
RépondreSupprimerLe surnaturel n'est pas prépondérant, mais malgré tout omniprésent, comme un élément naturel du contexte. Cela contribue à donner au récit son atmosphère à la fois burlesque et étrange..
SupprimerUn titre qui interpelle... En plus, je crois que je n'ai jamais lu ni de délires ni de romans équatoriens. Je suis bien curieux de le découvrir...
RépondreSupprimerC'était une première pour moi, et je ne le regrette pas...
Supprimerc'est amusant car ta description fait tellement penser à un roman de ce continent !
RépondreSupprimersinon, côté Equatorien j'ai lu un ou deux romans, mais plus des thrillers ..
bon apparemment, ton mois se passe bien de ce côté-là de l'océan (ici il faits super froid !)
Oui, c'est très "latino" comme ambiance... et je m'en vais de ce pas voir sur ton blog si je trouve trace de ces thrillers équatoriens, tu m'intéresses !
SupprimerOuh mais c'est que ça pourrait bien me plaire ça ! Et je crois que je n'ai pas encore lu de roman équatorien donc ce serait l'occasion !
RépondreSupprimerTu veux que je te dise ? IL EST FAIT POUR TOI !!
SupprimerC'est vrai que ton mois se passe bien. Fructueux en découvertes, en toué cas!
RépondreSupprimerSur celui-ci, tu me perds complètement!
Je ne suis pas sûre qu'il te convienne, en effet.. Et oui, le mois se passe bien, avec des découvertes souvent intéressantes même quand il ne s'agit pas de coups de cœur..
SupprimerTrès très latino, visiblement ! Et pourquoi pas ... Le personnage de Torrès semble assez bien débridé pour me plaire.
RépondreSupprimerOh oui, il devrait te conquérir ! Curé anticlérical, philosophe à ses heures, en quête d'une chasteté avec laquelle il s'arrange avec une réjouissante mauvaise foi, solide comme un roc et pourtant pétri de traumatismes... rien que la figure centrale du roman vaut le détour !
SupprimerLe portait du personnage principal à l'air savoureux. A lire, donc, peut-être pas pour cette fois car va commencer la littérature des pays de l'Est ! On ne sait plus où donner de la tête. En tout cas , merci pour ce mois qui m'a fait faire de belles découvertes!
RépondreSupprimerOui, ce faux prêtre est un sacré personnage ! Cette lecture est une de mes plus belles découvertes de ce mois latino. Sans doute, au vu de son succès, renouvellerons-nous l'expérience l'année prochaine, de quoi lire les titres qui auront été notés à l'occasion de cette 1ère édition.
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