"La cigale du huitième jour" - Mitsuyo Kakuta
Mi-figue, mi-raisin.
Kiwako prend la fuite avec l’enfant, qu’elle a prénommée Kaoru. Nous l’accompagnons dans sa cavale, qui s’interrompt temporairement au sein d'une obscure communauté de femmes où elle peut enfin se détacher de tout ce qui la reliait à sa vie d'avant et se délester du poids de ses actes pour se consacrer à l’affection qu’elle voue à Kaoru.
Des allusions au passé nous éclairent, par bribes, sur son histoire, sur le traumatisme qui a poussé cette jeune femme séduisante et professionnellement épanouie à commettre l’impensable.
J’ai eu beaucoup de mal à m’impliquer dans cette partie du récit que son aspect désincarné -dû je crois à une écriture factuelle et plate-, en me laissant de marbre face à l’épopée de Kiwako, m’a fait paraître bien longue.
Puis le récit bascule vers un autre point de vue, et s’en enrichit d’une réflexion qui le rend plus consistant, plus intéressant, en même temps qu’il dresse le beau portrait d'une jeune fille en quête d’elle-même.
Qu’est-ce qui détermine la famille ? Quelle légitimité doit-on octroyer aux liens familiaux quand ils sont déficients ? Comment gérer l’inadéquation entre biologie et affection que génère parfois la parentalité ? Comment accepter chez son enfant la part qu'on ne reconnait pas ? Telles sont entre autres les questions auxquelles ne répond pas forcément le roman de Mitsuyo Kakuta -mais peu importe, l’essentiel étant de les poser-, qui a par ailleurs le mérite de démontrer la complexité des liens parents-enfants, tout en s’attaquant au tabou du sacro-saint instinct maternel.
Comme vous l’aurez compris, je sors de cette lecture avec un avis mitigé, lié à cette première partie -malheureusement la plus longue- qui a bien failli me faire jeter l’éponge.
Dommage.
L'écriture es romans japonais est souvent assez distanciée. Et comme on doit se fier à la traduction...
RépondreSupprimerC'est vrai, je crois que je me fais la même réflexion presque à chaque fois que je lis un titre japonais, je me demande ce qu'on perd -ou pas- à la traduction... ceci dit, j'ai lu "Le poids des secrets" ensuite, et je n'ai pas du tout ressenti cette distance.
SupprimerUne histoire qui ne m'inspire pas beaucoup et comme ton avis est mitigé, je passe ..
RépondreSupprimerIl y a en effet de nombreux autres titres à lire ..
SupprimerJ'avais bien aimé ce roman, et (pour une fois) réussi à m'abstraire de l'écriture. Les traductions du japonais ont souvent ce côté un peu plat, il me semble.
RépondreSupprimerJ'avais dû passer à côté de ton billet, je ne m'en souviens pas. Et oui, comme je l'écris en réponse à Keisha, c'est vrai qu'il m'arrive assez souvent d'éprouver cette sensation à la lecture de romans japonais.
SupprimerDu coup, je vais récupérer le lien vers ton avis.
Bravo pour ta persévérance et merci pour ton retour. Je pense me représenter assez correctement l'ambiance du livre, car comme Keisha je suis assez habituée aux romans japonais, mais je ne sais pas si je le lirais. Il faut vraiment être dans de bonnes dispositions je pense !
RépondreSupprimerOh, j'ai persévéré parce que je restais tout de même curieuse de savoir ce qu'il allait advenir de Kiwako Et Kaoru, et puis la 2e partie est meilleure (du moins à mon humble avis !).
SupprimerMais ce n'est pas un titre que je conseille...
L'histoire ne m'attire pas du tout... dans les écrivains de polars, j'aime beaucoup Matsumoto et Higashino... Pas du tout Rampo :-(
RépondreSupprimerDu coup, je viens de noter Higashino chez toi. Je viens aussi de découvrir Matsumoto avec "Tokyo express" (billet à venir) qui ne m'a pas emballée plus que ça, je dois dire... et contrairement à toi, j'aime beaucoup Ranpo, parce qu'il se démarque justement de ce style "détaché", en installant des ambiances glauques et en mettant en scène des héros souvent ambivalents.
SupprimerEt j'avais lu l'an dernier un titre de Natsuo KIRINO, que j'avais vraiment apprécié. Tu connais cette autrice ?
PS : je ne savais pas que tu participais à un mois au Japon ! Hâte de voir tes autres billets :-)
RépondreSupprimerSi, si, cela fait 3 ans que je suis de la partie !! et avec plaisir !
SupprimerEt bin pas sure de le lire alors...oui....
RépondreSupprimerJe comprends... :)
SupprimerLes questions abordées dans ce roman sur la famille, les liens familiaux sont intéressantes. Dommage pour cette première partie. J'avoue que ça m'intrigue malgré tout, je note ce titre. Merci pour ce premier billet. Bon début de mois japonais avec nous. :)
RépondreSupprimerOui, la thématique est très intéressante et bien traitée dans la 2e partie.
SupprimerEt merci, mes lectures sont déjà faites : 4 au total, deux lectures mitigées (dont celle-ci) et deux fort fructueuses !!
Chouette idée. Natsuo KIRINO m’intrigue.J’avais repéré ”Disparitions”.
RépondreSupprimerLes polars japonais c’est très bien ficelé en général tout comme leurs films d’ailleurs.
C'est justement ce titre que j'ai lu lors à l'occasion de l'édition 2021 du mois japonais. J'avais beaucoup aimé, c'est d'ailleurs plus un roman psychologique qu'un polar. Il est touffu, mais cela ne m'avait pas gênée..
SupprimerJe réalise qu'on n'a pas la même sensibilité sur l'écriture, je dis ça aussi par rapport à ton commentaire chez moi sur Colson Whitehead.^^ Je pense que j'aime assez les styles sobres, qui se suffisent à eux-mêmes, et peut-être que tu as besoin de plus de romanesque pour rentrer dans l'histoire ? Je trouvais en tout cas ici que l'écriture correspondait assez bien au personnage. Cette cohérence m'a convenu.
RépondreSupprimerJe crois que tu pointes en effet quelque chose, là.. j'avoue que presque toujours, l'histoire m'importe moins que la manière de la raconter, qui doit donner à l'intrigue, aux personnages, de la consistance, et ce que j'appelle de la "chair". J'ai besoin que le style même me procure des émotions, au-delà de celles que peuvent provoquer les événements relatés. J'aime aussi la sobriété, mais plutôt quand elle est au service d'un propos plus "banal" et moins tragique..
SupprimerCe roman est sur ma PAL, je m'y mettrai sans doute... un jour !
RépondreSupprimerQuant au style, j'ai aussi souvent cette impression de "plat". Mais il y a clairement aussi le travail du traducteur et ça se sent par exemple chez Hiro Arikawa dont les deux romans que j'ai lus ont été traduits par des personnes différentes ("Au prochain arrêt" m'a semblé avoir plus de style que "Les mémoires d'un chat").
En lisant Aki Shimazaki, je me suis à nouveau posé cette question de style: elle écrit en français et je trouve que c'est malgré tout assez peu recherché. Donc l'effet de la traduction ou juste une tradition dès la vo ?
Je me pose moi aussi ces questions presque à chaque lecture japonaise ! Nous avions d'ailleurs échangé sur le sujet avec Athalie, suite à sa lecture de "La fille de la supérette", et voici ce qu'elle avait écrit :
Supprimer" En ce qui concerne cette littérature, deux de mes amis, connaisseurs de la société japonaise, mais très réticents envers la littérature qui y est produite, me faisaient part de la même opinion que la tienne. Selon eux, les tabous de la conversation, les conventions des relations sociales se retrouvent dans les textes qui, du coup, nous paraissent lisses, alors qu’un japonais va savoir lire les non dits. Il y a des textes qui disent l’extrême violence, selon eux, mais il faudrait que je leur redemande les références (en même temps, je ne suis pas certaine d’avoir envie de découvrir la violence à la nippone )".
Intéressant, hein ?
Et je ne savais pas qu'Aki Shimazaki écrivait en français... tu vois, je n'ai pas ressenti à la lecture du "Poids des secrets" le même ennui qu'avec cette "Cigale du 8e jour". C'est peut-être lié à la brièveté des textes ? Après, il est parfois difficile de déterminer ce qui, dans une écriture, nous emporte ou pas...
Je viens de relire mon billet sur ce roman, je ne m'en souviens plus du tout, je sais juste que je l'ai lu... j'ai plus aimé que toi, on dirait, avec des bémols, cependant...
RépondreSupprimerDécidemment, comme pour Kathel, je ne me souviens pas avoir vu ce titre chez toi... ou alors c'est que tes bémols m'ont incité à ne pas le retenir.
SupprimerJe vais voir ça de suite..
Un titre que j'avais beaucoup aimé. Bon mois japonais !
RépondreSupprimerBonjour Nahe, et bienvenue ici,
SupprimerJe vois que ce roman a plu à pas mal de lectrices, je regrette d'autant plus d'être un peu passée à côté...
Mon prochain billet japonais est aussi une déception, mais j'enchaînerai ensuite avec deux jolies découvertes !
A bientôt,
Pour revenir à la question de la traduction, j'ai par hasard trouvé un élément de plus: je suis sur Instagram une Française qui habite au Japon et elle vient de lire "La péninsule au 24 saisons" en français, et elle était déçue. Le texte en japonais est d'après elle beaucoup plus rythmé.
RépondreSupprimerEt il y a très probablement du vrai dans le commentaire d'Athalie. Je me suis fait une réflexion du genre en regardant un film flamand, "La mémoire du tueur": il y a plein de choses compréhensibles uniquement pour un Belge, voire même un Flamand (notamment la guerre des polices avant 1995 et donc la référence masquée à l'affaire Dutroux).
Merci pour le complément. Je ne suis pas très étonnée de cette "perte" qu'est susceptible d'occasionner une traduction, mais je trouve ça frustrant, et vraiment dommage. Mais impossible d'apprendre le japonais maintenant !!
SupprimerJe crois que j'en ai un autre de Mitsuyo Kakuta, je le lirai avant de me laisser tenter par celui-ci sur lequel je lorgnais (comme sur tous les romans japonais d'Actes sud...).
RépondreSupprimerBonjour cher (chère ?) anonyme,
Supprimervu cette première expérience, je ne suis pas sûre, personnellement, de relire cette autrice..