"Piranèse" - Susanna Clarke
"Ma première grande intuition date du moment où j'ai compris tout ce que l'humanité avait perdu."
Vous y serez immergés dans un palais constitué d’une multitude de salles immenses, de vestibules, de corridors et d’escaliers, dont les murs sont recouverts de centaines de statues de marbre. Un monde de pierres et d'eau, soumis aux allers-retours des marées, à la "Beauté incommensurable et à la Bonté infinie", du moins selon Piranèse. Ce dernier, personnage central du roman, aussi étrange que ce contexte dans lequel il évolue, vénère et connaît cet univers par cœur. Il a nommé chacun de ses recoins, chacune de ses statues, établissant un catalogue dans lequel il a noté leurs emplacements, leurs tailles et leurs sujets. Une tâche immense qui parfois lui donne le vertige mais il juge de son devoir, en sa "qualité de scientifique et d'explorateur", de témoigner des splendeurs de ce monde en dehors duquel n’existent que le soleil, la lune et les étoiles, et depuis le commencement duquel seules quinze personnes auraient existé.
Il n’en reste que lui, et l’Autre, scientifique aussi, qu’il assiste, lors de rendez-vous hebdomadaires, dans sa quête d’un pouvoir secret que l'humanité aurait sottement perdue, l’abandonnant au profit du soi-disant progrès, et qui lui permettait de réaliser des miracles, comme voler, lire dans les pensées ou atteindre l’immortalité.
Ne cherchez pas à comprendre. Laissez-vous porter par la touchante naïveté de Piranèse, son incapacité à concevoir le Mal, sa capacité à l’émerveillement, son amour attentif et sa curiosité pour tout ce qui l’entoure, vivant ou minéral ; la superbe enfin, dont il se pare à nos yeux, en dépit de ses habits déchirés, passés, rongés par l'eau de mer.
La lecture du carnet où il consigne le détail de ce qu'il vit jour après jour, rend compte d’un quotidien ponctué par la fabrication d’objets avec les vestiges que la marée laisse dans les salles -algues de mer, cailloux, étoiles de mer ou coquillages-, ses conversations avec les oiseaux nichant dans le palais, son observation des physionomies des statues dans lesquelles il décrypte des douleurs, des intentions, des combats. Ses écrits révèlent à la fois une simplicité quasi enfantine et un sens que notre ignorance quant à la nature de ce lieu et à la manière dont Piranèse y a échoué rend obscur.
Et puis un jour, arrive dans le palais un autre qui n’est pas l’Autre…
Ce genre de romans différents m'attirent, mais sans garantie d'aller au bout! ^_^
RépondreSupprimerIl se lit très facilement, dès que l'on accepte de se laisser embarquer. Je crois l'avoir dévoré en même pas 3 jours..
SupprimerJe me méfie toujours du merveilleux , il est rare que je me laisse embarquer.
RépondreSupprimerEt je ne sais pas s'il te conviendrait...
SupprimerTu m'intrigues fort !
RépondreSupprimerIl faut l'essayer alors, je me suis personnellement vraiment sentie bien en compagnie du doux et étrange Piranèse !
SupprimerMon commentaire est-il passé? Blogspot me joue des tours...
RépondreSupprimerOui ça marche !, c'est juste que j'étais en déplacement, et sans PC, je n'ai donc pas pu le valider plus tôt :)
SupprimerJe l’ai lu il y a peu et j’ai bien aimé .C’est un lieu vraiment surréaliste là où habite le personnage. On explore en même temps que le personnage cet univers onirique, les statues elles sont comme des personnages. On est dans un autre monde, l’irruption de cet ”autre”.On parcourt un labyrinthe.
RépondreSupprimerJ’ai cru comprendre que le personnage souffrait de périodes d’amnésie. Je ne connaissais pas l’auteure mais je vais voir d’autres écrits d’elle.
Oui, j'ai trouvé que cet univers avait à la fois une dimension envoûtante et vaguement familière, et ce personnage est vraiment touchant dans sa naïveté et son extrême bienveillance.
SupprimerJe n'ai pas lu d'autres titres de cette autrice mais son roman le plus connu est "Jonathan Strange et Mr Norrell" qui me semble-t-il est considéré comme un classique de la fantasy, je crois que je m'y essaierai un jour (c'est un gros pavé !)..
Ne pas chercher à comprendre ... Pourquoi pas ? Je crains cependant les conversations avec les oiseaux ... Je peux faire preuve d'une rationalité crasse !
RépondreSupprimerSi cela peut te rassurer, les oiseaux ne lui répondent pas (le terme "conversation" est du coup, je le réalise, quelque peu inapproprié...) !
SupprimerCela a un rapport avec les dessins de Piranèse, ses étranges palais à l'architecture improblable ?
RépondreSupprimerLe cadre du roman en est fortement inspiré, oui. L'intrigue, pas vraiment.
Supprimerah super !! j'ai tellement aimé ce livre ! lu à Noël et adoré !! je suis ravie que tu te sois laissée emporter, c'est magique !! merci merci :-)
RépondreSupprimerMais non, merci à toi, c'est une très belle découverte, j'ai adoré ce personnage et son univers..
SupprimerOoouh mais je sens que ça pourrait être pour moi ça ! En tout cas je me reconnais bien dans "amateur d'expériences étranges, qui aimez être déstabilisés, emportés dans d’indéfinissables ailleurs".^^
RépondreSupprimerC'est EXACTEMENT pour toi !
SupprimerIl n'est pas pour moi ce roman mais te voir aussi enthousiaste que l'était Electra fait plaisir :-)
RépondreSupprimerOui, elle a une fois de plus été de bon conseil !
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