"Les Hortenses" - Felisberto Hernández
"L’idée d’immensité qui commençait au-dessus de ses pieds était comme le songe fantastique d’un enfant."
Mais de quoi est-il donc ici question ? Dans le texte qui donne son titre au recueil, et qui en est le plus long, le héros, Horatio, collectionne des poupées grandeur nature qu’il fait installer chaque soir dans des vitrines, le but étant alors de deviner le sens des mises en scènes ainsi réalisées. L’une d’entre elles, baptisée Hortense, est la réplique de sa femme Marie, le couple et la poupée formant un étrange trio.
Les autres nouvelles évoquent notamment une maison inondée par une veuve qui depuis la perte de son mari, éprouve une fascination pour l’eau, convaincue que quelqu’un, voulant communiquer avec elle, y a laissé un message ; un pianiste désargenté reconverti en vendeur de bas qui s’aperçoit qu’en pleurant sur commande, il augmente significativement son potentiel commercial ; un homme persuadé d’avoir été un cheval ; un musicien employé pour jouer à la seule intention d’une femme vivant recluse dans sa vaste et triste demeure…
Des récurrences traversent les textes. Les objets y sont parés par l’imagination des personnages de pouvoirs qui les font accéder au rang de symboles ou d’être pourvus de volonté. On y croise à plusieurs reprises des femmes que leurs proportions immenses font ressembler à des vaches, dont "le corps semble s’être développé comme les alentours d’un village dont elles se seraient désintéressé", qui suscitent la fascination d’un narrateur qui semble toujours être le même (sauf dans "Les Hortenses", seule nouvelle où le "je" fait place à la troisième personne). Il s’agit souvent d’un pianiste tirant le diable par la queue (à l’instar de l’auteur), combattant l’écrasante déception que lui procure la vie, la profonde mélancolie qui le hante par divers subterfuges, en "isolant les heures de bonheur pour s’y enfermer" ou en "volant des yeux (...) un objet qui ne soit pas sous ses gardes pour l’emporter dans sa solitude."
Figure toi que j'ai réussi à lire encore pour le mois latino, billet à écrire, avant, mais je crois que cet univers n'est pas toujours pour moi en fait.
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est une littérature d'ambiances souvent particulières... mais je suis ravie de ta double participation !
SupprimerJ'aimerais avoir un coup de coeur pour une de tes lectures du mois latino, mais ce ne sera pas encore pour aujourd'hui ;-)
RépondreSupprimerJ'ai deux non-fictions à suivre.... à voir si tu trouves davantage matière à tentations dans ce genre...
SupprimerJe crains d'être un poil trop pragmatique pour apprécier cette autre dimension ....
RépondreSupprimerHum... je crois qu'en effet, tu peux passer.
SupprimerJe ne connaissais pas du tout l'auteur mais là, maintenant, je suis bien curieux de le découvrir. Merci pour cette étrange rareté...
RépondreSupprimerJe suis tombée dessus par hasard, en cherchant en librairie un titre qui m'emmènerait ailleurs qu'en Argentine ou au Chili... je suis ravie de la découverte, même si certains textes m'ont beaucoup moins embarquée que d'autres (mais c'est souvent le cas avec les recueils de nouvelles). J'ai apprécié l'originalité et l'ambiance de ces univers..
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