"Le chant de l’assassin" - R. J. Ellory
"Une bonne conscience, c'est rien d'autre qu'une mauvaise mémoire."
Dès son arrivée, l’ambiance étrange et vaguement inquiétante qui imprègne la ville provoque chez Evan une sorte de malaise. Il y plane un relent nauséabond de secret, qui semble lié à l'emprise du shérif Carson Riggs sur l'ensemble de la communauté. Mais il y fait aussi la connaissance d'Evie, jeune fille déroutante, qui n'a pas la langue dans sa poche, pleine de franchise et de vitalité, et fermement décidée à l’aider dans sa quête.
Ça tourne assez vite au vinaigre. Le frère d’Evan non seulement nie avoir exercé sa tutelle sur Sarah, mais prétend de plus ignorer où elle vit, et sous quel nom. Et lorsque Henry, courtois mais têtu, persévère malgré tout dans son enquête, il se montre clairement menaçant, avec comme résultat d’exciter encore davantage la curiosité de nos détectives amateurs.
Il faudra de la patience pour découvrir le fin mot de l’histoire, résultante d’anciens et sombres secrets dont les fils forment une toile liant de multiples protagonistes. L’intrigue se déroule lentement, au gré d’allers-retours entre passé -focalisés sur l’enfance des frères Riggs dont les relations sont compliquées par leurs personnalités contradictoires- et présent, le lecteur assemblant en même temps que le duo Henry-Evie les pièces au départ opaques d’une vérité qui devient de plus en glaçante à mesure qu’elle se fait jour.
Pour autant, l’ennui n’est jamais au rendez-vous, l’intérêt du roman résidant autant dans le chemin qui y mène que dans la résolution même de l’énigme.
On pénètre au cœur des familles, dans l’intimité d’individus entraînés dans l’implacable engrenage mis en branle par leurs erreurs et leurs manquements, qui fatalement finissent par les plonger dans les affres de la culpabilité et du remords. On mesure avec effroi comment le pouvoir peut être mis au service de l’infamie, quand il est entre les mains d’hommes poussés par la cupidité ou le désir de vengeance.
Les ivresses y sont tristes et mauvaises, le salut souvent inatteignable, mais on y croise aussi de beaux personnages (notamment féminins) entiers, aussi investis dans leurs passions que dans leurs errements, qui donnent du souffle à l’intrigue, et colorent parfois les dialogues d’un humour percutant et salvateur car, il faut bien le dire, l’ensemble est quand même bien plombant.
Bravo pour le pavé, un bon polar suspense, ça passe bien!
RépondreSupprimerOui, c'est ce que j'appelle un pavé "léger", la lecture file sans efforts !
SupprimerJ'aime beaucoup cet auteur, il ne m'a jamais déçue.
RépondreSupprimerMoi non plus, et j'ai bien noté, chez toi, son dernier titre, dont j'attends la sortie poche.
SupprimerUn titre de cet auteur que je n'ai pas encore lu et tu me donnes envie de le retrouver là, tout de suite, maintenant !
RépondreSupprimerToi aussi tu as lu son dernier, d'ailleurs, si je me souviens bien ?
SupprimerJe ne l'avais pas lu depuis longtemps. Il était un des invités de la dernière édition du salon du livre de poche, ce qui m'a donné l'occasion de le "retrouver", avec toujours autant de plaisir.
je croyais avoir lu au moins un roman de R. J. Ellory mais, en lisant tes billets, je ne suis plus si sûre...
RépondreSupprimerTu t'en souviendrais, je pense .. ? Dans ce cas n'hésite pas à commencer avec son premier, "Seul le silence", qui est très bon !
SupprimerBonjour Ingannmic
RépondreSupprimerBravo, voici un premier de tes "pavés" qui réjouira Sibylline!
N'oublie pas de lui communiquer le lien vers ton billet.
D'après ce que tu dis ou ne dis pas, on ne peut que soupçonner que le sort de Sarah n'a pas dû être très enviable... Côté "polars familiaux", je suis en train de lire à mon tour "Blizzards" de Marie Vingtras, et n'ai pas encore vu écrits les côtés "famille dysfonctionnelle" que j'ai cru y deviner aussi... Mais c'est un bouquin nettement moins "épais"!
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Bonjour Tadloiducine,
SupprimerLien transmis (j'y pensais bien !).
J'en dis très peu, volontairement, sur l'intrigue, mais disons pour résumer que le sort de quasiment tous les personnages est tragique...
N'hésite pas à revenir par ici pour me dire ce que tu auras pensé de Blizzard, si tu n'écris pas de note à son sujet...
Et mon prochain billet concernera un pavé "épais" !
Bon week-end,
Lu et beaucoup aimé ! Ce n'est pas mon préféré de l'auteur mais j'admire toujours son style, sa "mise en scène", ses personnages... tout, quoi !
RépondreSupprimerOui, c'est toujours bien construit, et il a je trouve un sacré coup de plume pour camper ses personnages. Aucun n'est négligé, et chacun a vraiment une consistance qui lui est propre..
SupprimerC'est lequel, votre préféré? (Que je me laisse tenter 😊)
SupprimerEn ce qui me concerne, Seul le silence et Les anonymes, assez différents : le premier est très mélancolique, et ce n'est pas vraiment un polar. Le second traite des connexions à l'œuvre au plus haut niveau en lien avec le trafic de drogue aux Etats-Unis.
SupprimerJe ne me souviens même plus d'avoir lu un Ellory, mais je l'ai sûrement déjà fait...
RépondreSupprimerJe ne sais pas si c'est très bon signe, de ne pas être sure..
SupprimerJe ne crois pas avoir lu cet auteur mais c'est noté, j'ai vu que tu avais lu plusieurs livres de cet auteur. Tu en conseilles un en premier ?
RépondreSupprimerComme je l'ai écris ci-dessus, Seul le silence ou Les anonymes. Celui-ci est bien aussi (et j'en ai acheté un autre aujourd'hui même, en bouquinerie !).
SupprimerJ'ai donc découvert cette année R.J. Ellory avec Une Saison pour les ombres, Seul le silence et Le Carnaval des ombres. Pour l'instant, je m'arrête mais je note celui-ci. Cela m'a beaucoup plu !
RépondreSupprimerCelui-ci devrait te plaire aussi. Je n'ai lu (et beaucoup aimé) que Seul le silence parmi ceux que tu as découverts, mais Le carnaval des ombres a récemment rejoint ma pile, je suis tombée dessus en bouquinerie, et ma récente expérience une fois de plus concluante avec l'auteur m'a donné envie de continuer...
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