LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"Neverhome" - Laird Hunt

"Que tout disparait vite, dans l'univers, les corps eux-mêmes, mais, avec le temps, leur souvenir aussi ; telle est la nature de toutes choses sensibles et en particulier celles qui attirent par l'appât du plaisir, terrorisent par la douleur ou sont vantées au loin par les mirages de la réputation."

Guerre de Sécession.

Parce qu’elle était la plus forte et la plus aventureuse du couple, c’est Constance qui est partie combattre dans les rangs nordistes, laissant son doux Bartholomew s’occuper de leur ferme. 

Coupant ses cheveux, bandant sa poitrine, elle est devenue le soldat Ash Thompson.

Elle qui n’avait jamais écrit à personne lui envoie de longues lettres, qui témoignent de l’amour, de la complicité et du respect qui cimentent leur union. Elle y raconte la vie qu’elle mène au front, passant facilement pour un homme aux yeux de camarades qu’elle égale en dextérité et en endurance. Capable comme eux de construire des ponts, de monter des parapets ou de couper du bois, elle n’est pas non plus la dernière quand il s’agit de descendre quelques whiskys. Excellente tireuse, elle s’attire par ailleurs l’estime de ses supérieurs. Elle apprend à surmonter son mal du pays, à suivre les ordres même les plus absurdes -une question de survie-, se familiarise avec la diversité des êtres que l’on côtoie au front. On subit avec elle les marches forcées et les longues périodes d’attente, on s’immerge à ses côtés dans la réalité de la guerre, avec ses odeurs de poudre et de mort, la litanie de ses cris et gémissements, chaos rendu d’autant plus prégnant par l’alliance de courage et de sensibilité qui aiguise son regard. 

Et puis Constance, blessée, perd la trace de son régiment, et décide de rentrer.

C’est un autre périple qui commence, tout aussi long et tout aussi violent, une errance ponctuée d’épisodes cruels au cours desquels la jeune femme affronte la sauvagerie du monde, la trahison, l’humiliation. Le temps s’étire, la narration s’englue dans l’intériorité parfois hallucinée de Constance, où l’horreur du présent se mêle à l’obsédante évocation du fantôme de sa mère. Au fracas de la guerre a succédé une sorte d’épopée cauchemardesque qui met à mal sa résistance et la mène au bord de la folie, dont l’auteur restitue parfaitement la densité visqueuse.

A lire.


Les avis de Kathel et d'Athalie.

Commentaires

manou a dit…
Voilà un livre et un auteur dont je n'avais jamais entendu parler (ou alors j'ai oublié) pourtant l'histoire est originale et ce que tu en dis me tente beaucoup. Je l'ai noté car en plus il est dans une de mes deux médiathèques mais ce sera pour la rentrée...
keisha a dit…
Oui, à une époque ce livre est beaucoup paru sur les blogs (pas lu pour ma part)
je lis je blogue a dit…
Les avis de Kathel et Athalie sont aussi enthousiastes que le tiens. Je pense lire un roman de Laird Hunt un jour ou l'autre mais peut-être pas celui-ci. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai du mal à m'intéresser à la guerre de Sécession.
nathalie a dit…
Encore un que je dois lire depuis longtemps... les grands romans de la guerre de Sécession ! Bon y a plus qu'à prendre une année sabbatique.
Sandrine a dit…
Lu aussi et apprécié... je ne sais pas pourquoi je n'ai pas encore lu d'autres textes de l'auteur.
Athalie a dit…
Un sacré roman ! Je vois que toi aussi tu ressors des profondeurs des titres notés depuis un certain temps ... Et celui ci en valait vraiment la peine. J'ai rarement lu avec autant d'empathie et de ferveur un texte sur la guerre et l'errance.
Kathel a dit…
Ce roman m'a marquée, pour son personnage et son écriture magnifique... Tu as bien fait de le sortir !
J'ai lu aussi La route de nuit, un peu déstabilisant et presque aussi bon.
Miss Sunalee a dit…
Cet auteur me dit quelque chose, mais en allant voir sa bibliographie, aucun titre ne me parle. Le roman a l'air intéressant en tous cas. Il pourrait compléter mon image sur la Guerre de Sécession suite à mes lectures des romans de Lance Weller.
Fanja a dit…
Ahlala encore une lecture en projet depuis un moment, thématique guerre de Sécession oblige, et l'auteur semble vraiment valoir le détour, mais ça me semble encore compromis pour cette année. Bon, j'aurais déjà découvert Lance Weller sur le sujet. On y arrive lentement mais sûrement.^^
Pour L'île de Robert Merle, je ne vais pas pouvoir le caser non plus cette année. C'était une envie trop ambitieuse en début d'année.^^
Ingannmic, a dit…
@Manou = ce titre a pas mal fait parler de lui à sa sortie sur les blogs. L'auteur en a écrit d'autres depuis, je vais bien sûr creuser ça ! Et oui, il est original, et très bien écrit.
Ingannmic, a dit…
@Keisha = je suis surprise que tu ne l'aies pas lu… ceci dit, il n'est pas trop tard...
Ingannmic, a dit…
@Je lis je blogue = c'est une période à l'inverse sur laquelle j'aime bien lire, parce qu'on se rend compte que comme dans beaucoup de conflits, il ne se réduit pas au combat du bien contre le mal, que c'est bien plus complexe que ça… et puis Laird Hunt nous offre là un bien beau portrait de femme. Mais ses autres titres sont sans doute très bien aussi !
Ingannmic, a dit…
@Nathalie = à vrai dire, la Guerre de Sécession n'est finalement rien de plus qu'une toile de fond, mais une toile de fond rêvée pour mettre en scène la folie à laquelle se confronte l'héroïne…
Un congé sabbatique, oui.. mais on pourrait aussi proposer la création d'un congé de lecteur/trice, bien entendu rémunéré ! Après tout, la lecture offre de nombreux bienfaits...
Ingannmic, a dit…
@Sandrine = peut-être parce que tu en as trouvé d'autres à lire… ?
Ingannmic, a dit…
@Athalie = l'approche de l'auteur est essentiellement intime, et en même temps bien ancrée dans ce contexte de sauvagerie guerrière, oui c'est très fort… et oui, il traînait dans ma pile depuis longtemps, vive le déstockage !
Ingannmic, a dit…
@Kathel = je poursuivrai peut-être avec celui-là, alors..
Ingannmic, a dit…
@Miss Sunalee = comme je l'écris en réponse à Nathalie, la guerre n'y est pas tant évoquée d'un point de vue historique qu'intime, mais c'est en partie ce qui fait sa force...
Ingannmic, a dit…
@Fanja = n'hésite pas à le garder en projet pour plus tard, il en vaut le coup (et il est court…). Et j'ai bien noté pour L'île, je vais sans doute l'embarquer pour les vacances.