"Je suis un monstre" - Jean Meckert
"En écraser ! C'est puissant et vrai comme toute expression populaire. C'est être plaqué au sol comme une flaque de fatigue, récupérer goulûment, absent à tout, remis au sein de la terre d'où viennent les forces et le pouvoir de vie…"
"Je n'avais aucune sympathie pour ces petits connards prétentieux."
Dans le contexte d'une Guerre froide à son paroxysme, offrant le prétexte à de violents affrontements, un des jeunes, Claude Boucheret, est assassiné à coups de pavés par plusieurs de ses camarades sous prétexte qu’il était communiste. Informé du crime par un des adolescents, Narcisse décide d’abord de le maquiller en accident. Mais rapidement, et de manière assez surprenante, il revient sur cette décision en dévoilant les causes de la mort de Claude à plusieurs interlocuteurs, dont le directeur de l’établissement, que cette vérité ennuie, et qui par crainte du scandale, préfère en rester à la version accidentelle.
Bientôt la tension monte, l’atmosphère est aux règlements de comptes. Les amis de la victime, eux aussi instruits de l’assassinat, souhaitent le venger.
"Je suis un monstre" décrit l’évolution d’un héros qu’on a au départ du mal non seulement à trouver sympathique, mais aussi à comprendre.
Solitaire, a priori dénué d’empathie, il considère les autres essentiellement à l’aune de leurs travers, et s’exprime souvent avec un cynisme brutal qui, associé à sa tendance à théoriser ses relations, entretient la distance avec son entourage. Ses revirements, en début de récit, donne l’impression qu’il veut jouer sur plusieurs tableaux et se donner de l’importance. Le lecteur peine à cerner ses mobiles face à des attitudes qui s’apparentent à des postures, et ne parvient pas à déterminer s’il agit par véritable indépendance d’esprit, ou en quête d’une sorte d’esthétisme. C’est par moments comme s’il se mettait en scène y compris vis-à-vis de lui-même, pour se donner de l’ampleur, marquer sa singularité. Puis peu à peu, ses interactions avec les jeunes lui font comprendre qu’il a besoin des autres, et il se surprend à éprouver des sentiments troublants pour l’un d’entre eux, qu’il considérait jusqu’alors avec un agacement condescendant. Son refus initial de s’impliquer dans leurs "affaires" est progressivement remplacé par un élan de solidarité et une adhésion sincère et totale à leur révolte face à la lâcheté et à l’hypocrisie ambiantes.
Récit intime d'un murissement, "Je suis un monstre" est aussi une ode à la fougueuse intransigeance de la jeunesse.
Une réédition je suppose? Je ne sais plus où j'ai vu aussi ce titre.
RépondreSupprimerOui, les éditions Joelle Losfeld ont entrepris de rééditer une partie de son œuvre (les "hors polars" si j'ai bien compris).
SupprimerDe cet auteur je n'ai lu que "Le boucher des Hurlus" (Amila). Je crois que je ne suis pas fan des romans policiers/polars des années 40,50,60... très politiques, peu psychologiques, parfois trop vite écrits...
RépondreSupprimerJ'espère que la Lozère t'a enchantée ;-)
Tous les titres que j'ai lus jusqu'à présent de cet auteur ne sont pas des polars, et je les ai tous aimés... La marche au canon, notamment, est excellent. Et oui, mon séjour en Lozère a été plus que réussi : météo idéale, région superbe, calme et nature...
SupprimerUn parcours initiatique très intrigant ... Par le propos et aussi la variété des tons. Cela pourrait bien me tenter un de ces jours.
RépondreSupprimerOn est au départ assez surpris de cet assassinat pour raisons politiques à un âge aussi jeune, et puis on comprend avoir affaire à des jeunes "difficiles", et à un contexte particulier. Après trois titres lus, je dois dire que j'apprécie beaucoup l'écriture de Jean Meckert, et je précise que celui-ci n'est pas mon préféré...
Supprimeryoupi ! de retour ! en espérant que tu as bien profité de tes vacances au vert. Et tu m'intrigues avec ce roman, un personnage bien antipathique au départ et qui évolue, je le note !
RépondreSupprimerLes vacances, comme toujours, sont passés trop vite, mais j'en ai bien profité... quant à ce titre, je ne sais pas s'il te plairait. On est dans une ambiance années 50 un peu particulière...
Supprimerje ne crois pas avoir lu quelque chose de lui, à tester!
RépondreSupprimerJe te conseille de le faire dans ce cas avec La marche au canon, qui en plus d'être court, est un très bel exemple du ton particulier à l'auteur, entre gouaille et cynisme.
SupprimerVoilà la pause terminée !
RépondreSupprimerJe ne connais l'auteur que de nom; je ne sais pas si je le lirai un jour...
Oui, ça se termine toujours trop vite...
Supprimerce livre me fait peur , je n'ai pas trop envie de le lire.
RépondreSupprimerJe ne te le recommanderais pas, car je ne pense pas que tu y trouverais ton compte, à vrai dire...
SupprimerComme Luocine, j’ai peur …(Une Comète)
RépondreSupprimerEt je te te fais la même réponse ... :)
SupprimerJe ne connais pas mais j'avoue que ça ne me tente pas tellement...
RépondreSupprimerEt je ne suis pas vraiment sûre que cela te plairait..
SupprimerJe ne connais pas le titre, mais je suis curieuse de l'auteur.
RépondreSupprimerIl a une importante bibliographie mais il était plus ou moins tombé dans l'oubli, jusqu'à ce que les Editions Joelle Losfeld rééditent une partie de son œuvre "blanche" (et que l'on peut peut-être qualifier de "populaire"). Il a aussi écrit des romans policiers sous le nom de Jean Amila (je n'en ai pas lu).
SupprimerIl me semble que La marche au canon est un bon titre pour entamer sa découverte, car il est court et caractéristique de son style.
Ce personnage a l'air complexe...je n'avais jamais entendu parler de ce livre!
RépondreSupprimerJean Meckert est relativement peu connu. D'après ce que j'ai compris, il l'est davantage sous le nom Jean Amila, sous lequel il a longtemps écrit pour la série Noire. Ce sont les Editions Joelle Losfeld qui l'ont fait sortir de l'oubli, en republiant son œuvre "blanche". A découvrir...
SupprimerJe l'ai lu récemment. Pas mon préféré mais il colle cependant parfaitement à l'œuvre publiée sous son vrai nom, œuvre que je vais par ailleurs prochainement terminer avant d'entamer sa carrière sous pseudo dans La Série Noire. Courant septembre je vais chroniquer l'un de ses romans dans le cadre de ton challenge 2024. À suivre donc...
RépondreSupprimerDes trois que j'ai lus, ce n'est pas non plus mon préféré, peut-être parce que la thématique m'a paru un peu vieillie.. il faudra que je me penche aussi sur son œuvre "noire"...
SupprimerJe ne sais pas trop quoi en penser, mais je te remercie pour la double découverte d'un roman et d'un auteur !
RépondreSupprimerComme précisé ci-dessus, ma préférence pour les titres que j'ai lus, jusqu'à présent, de Meckert, va à La marche au canon, à mon avis très bien pour le découvrir.
SupprimerBizarrement je ne connais cet auteur que de nom ! Il faudrait qu'un jour je tente un de ses romans tout de même, d'autant plus que je l'ai déjà noté plusieurs fois et ensuite...je le zappe ! Merci de ta chronique donc, je regarderai si une de mes médiathèques le propose.
RépondreSupprimerJ'espère que sa mise en avant par ces Editions Losfeld incitera les bibliothèques à le placer dans leurs rayons !
SupprimerC'est justement en bibliothèque que j'ai découvert cet auteur, vers 2012, quand j'ai emménagé dans mon quartier <3
SupprimerYiiiiiiii ! L'un de mes auteurices préféré·es ! Je n'ai pas encore lu celui-ci (mais j'ai tous les Meckert publiés dans cette collection). En fait j'ai un problème avec les auteurices mort·es que j'adore, car je n'arrive pas à me résoudre à terminer l'entièreté de leur oeuvre, donc je repousse...
RépondreSupprimerJe les lis dans l'ordre dans lequel les Editions Losfeld les rééditent, et j'ai de la marge, je n'en ai lu que deux (plus Les coups, qui est quant à lui disponible chez Folio)... ! J'ai hâte de découvrir la suite..
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