"Amiante" - Sébastien Dulude
"La saison avait sécrété tous ses sucs. Le lourd feuillage des arbres bruissait de nonchalance, la faune était grasse. Tout semblait recouvert d’une infime brume de lait. Les vapeurs légères de nos corps transitaient dans l’air, échangées contre les caresses de la brise. La mine se taisait."
Hors de ces parenthèses gentiment transgressives, Steve est seul. Garçon sensible à la larme facile, il est régulièrement pris pour cible par les brutes de son école. Et inutile de chercher réconfort ou protection auprès de ses parents. Son père, autoritaire et violent, serait capable de trouver là l’occasion de lui mettre une raclée de plus, histoire de lui apprendre à être un homme. Quant à sa mère, engluée dans une dépression qui se traduit par d’incapacitants et permanents maux de tête, elle se tient en retrait du monde.
Jusqu’à ce qu’arrive Charlélie. Dès qu’il le rencontre, Steve sait qu’il est face à "l’ami qu’il cherchait désespérément". Le coup de foudre est réciproque ; les deux jeunes adolescents deviennent vite inséparables. Leur amitié se cimente, s’illumine à l’unisson d’un été de virées à vélo, de cabane dans les arbres à lire des albums de Tintin dont ils connaissent les aventures par cœur ou à compléter le cahier dans lequel ils compilent les articles témoignant des catastrophes qui secouent alors le monde -explosion de la centrale de Tchernobyl et de la navette Challenger, tornades, émeutes provoquées par des hooligans… Steve trouve enfin une consolation à la violence de son quotidien, un intervalle de paix où il peut prendre le temps de sentir son corps s’éveiller à la sensualité, de goûter à la sincérité d’une complicité totale.
Mais la trêve ne dure pas, et lorsque l’on retrouve Steve cinq ans plus tard, il est aux prises avec la culpabilité et le dégoût de soi, tentant de maîtriser ses hantises, de contrer la déstructuration qui le menace en s’adonnant déraisonnablement à la natation, en s’inventant des rituels mentaux qui finissent par devenir compulsifs.
Le récit se déroule par touches, en succession d’épisodes impressionnistes, suit un fil faussement aléatoire qui tient aux associations entre situations et réminiscences qu’elles convoquent. S’y mêlent pensées et sensations, émotions et événements se teintant de nuances tantôt lumineuses et tantôt obscures.


Hum, pas 100% convaincue. ^_^
RépondreSupprimerTu ne me fais pas confiance ?! :)
SupprimerAh oui, je l'avais noté chez Kathel et Athalie, mais perdu de vue depuis. Merci pour ce rappel !
RépondreSupprimerIl a en effet suivi son chemin sur la blogosphère... et il le mérite !
SupprimerJe suis ravie que tu aies aimé toi aussi ce très beau roman ! (mais aurait-il pu en être autrement ?)
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé l'écriture sensible, très évocatrice..
SupprimerSi je ne l'avais pas déjà lu, tu me donnerais envie de le faire, même si en te lisant, je me rends compte que j'avais beaucoup plus apprécié la première partie que la seconde, dont finalement, je me souviens assez peu. J'ai dû préféré rester sur la luminosité que plonger dans l'ombre.
RépondreSupprimerLa première partie, solaire, est en effet très belle, mais j'ai aussi aimé le contraste avec la deuxième, plus sombre, mais qui donne aussi l'impression que le héros se démène pour survivre à son traumatisme.
SupprimerAu fil des livres que je lis, ma vision idyllique du Canada et du Québec prend un coup dans l'aile ! Je me rappelle d'avoir noté ce titre quand il est paru. Il me semble que l'auteur était passé à La Grande librairie.
RépondreSupprimerAh, cela m'intéresserait d'entendre l'auteur sur ce titre, je vais voir si je retrouve l'émission.
SupprimerEt pour le Canada, pour avoir lu pas mal de titres sur le sort fait aux autochtones, j'avoue que cela fait longtemps que j'ai perdu mes illusions (alors que quand j'étais jeune, c'est vrai que ce pays bénéficiait d'une aura très positive)..
Cela donne envie de comprendre ce qui s'est passé durant ces 5 ans pour que Steve devienne ainsi...
RépondreSupprimerOui, il y a un peu de suspense... mais c'est surtout un texte à l'écriture très marquante.
Supprimersans doute intéressant, dommage que ma bibli ne le connaisse pas.
RépondreSupprimerCa viendra peut-être, c'est le premier roman de l'auteur..
Supprimeret on parle aussi du danger de l'amiante ?
RépondreSupprimerCe n'est vraiment pas le sujet du livre, qui l'évoque juste brièvement.
SupprimerEncore un auteur que je ne connais pas et un livre dont je n'ai jamais entendu parler.
RépondreSupprimerAh, mais les blogs sont une source infinie de découvertes et d'idées de lecture !
SupprimerHmm je crains de ne pas avoir la sensibilité nécessaire pour ce genre d'histoire...
RépondreSupprimerQu'est-ce qui te fait dire ça ? C'est le sujet qui ne te tente pas ?
SupprimerOui, et l'époque, l'atmosphère, l'amitié adolescente, le personnage de Steve... Je pense que si je le tentais, je vivrais l'expérience d'Aifelle, mais sans surprise.:)
SupprimerDans ce cas, c'est sans doute plus raisonnable de passer, en effet... et puis j'imagine que tu as de quoi lire par ailleurs !
SupprimerJe l'ai emprunté à la bibliothèque et j'ai abandonné assez vite. Je n'entrais pas dans l'histoire, ni dans l'ambiance, ce qui m'a surpris. Il est possible que je lui redonne une chance.
RépondreSupprimerC'est parfois juste une question de moment..
SupprimerJ'avais en effet noté "Amiante" après avoir lu la chronique que Kathel. Je viens de le vérifier car par chance il est dans ma médiathèque en ville et le sujet m'intéresse. Je vois que vous êtes en parfait accord pour dire que c'est une belle découverte. Je n'aurai pas le temps de le lire pour le challenge cependant mais tant pis...
RépondreSupprimerC'est sans doute une bonne médiathèque... Tu peux aussi le garder pour la prochaine édition des lectures urbaines 😉
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