"Dernier cri" - Hervé Commère
"Dans les affaires, on n’assassine pas après, on élimine avant."
Sa vie bascule lors d’une escapade à Rotterdam où il retrouve une ancienne camarade de classe rencontrée quelques jours plus tôt. Devenue journaliste réputée, Anna Dufossé a conservé le charme et l’intelligence qui faisaient d’elle la fille la plus populaire du lycée. Leur aventure est sans lendemain, tient sur la seule nostalgie d’un flirt qui ne s’était alors même pas amorcé. Mais Anna est assassinée dans leur chambre d’hôtel. Conscient que tout l’accuse, Etienne décide de prendre la fuite, et de mener sa propre enquête pour trouver le meurtrier.
Sa cavale l’emmène d’abord dans une ZAD, où il change d’identité, puis dans sa ville natale d’Elbeuf, où la journaliste défunte lui avait dit mener une enquête sur une grande entreprise de nettoyage, au sein de laquelle elle s’était fait embaucher comme femme de ménage (référence assumée au travail de Florence Aubenas). Il intègre à son tour les effectifs de la société en question.
Le récit alterne avec un deuxième parcours, celui de Rafi, un migrant originaire du Bengladesh venu en France gagner l’argent qui permettra de sauver sa sœur des griffes d’un oncle auquel on l’a obligée à se marier.
L’intrigue se déploie ainsi sur plusieurs pans et dans plusieurs contextes (la ZAD, une usine de textile au Bangladesh, une entreprise écoresponsable de vêtements "trop polie pour être honnête") qui sont pour l’auteur l’occasion d’aborder les questions d’exploitation de la main d’œuvre étrangère voire clandestine, la déréliction des villes touchées par la délocalisation de leurs activités industrielles, ou encore les ravages écologiques occasionnés par la mondialisation des marchés…
La ville d’Elbeuf, dont est originaire l’auteur, y occupe une place prédominante (c’est ce qui m’a d’ailleurs incitée à acheter ce livre, à l’occasion d’une rencontre avec Hervé Commère sur un salon). Lorsque le héros y revient, il n’y a pas remis les pieds depuis ses jeunes années. Il a toujours considéré Elbeuf comme une ville que l’on quitte, dont les habitants souffrent d’un complexe d’infériorité entretenu par les préjugés soi-disant véhiculés par ceux de Rouen, grande ville voisine regardant de haut des Elbeuviens considérés comme des ploucs. Il y constate les témoignages de la grandeur déchue de l’ancienne cité drapière, dont les grandes demeures bourgeoises ont été reconverties en salles à louer, en EHPAD, ou en centres de formation. Toutefois, les rencontres qu’il y fait l’amènent peu à peu à revoir son jugement sur cette ville ou beaucoup font aussi le choix de rester…


Je n'ai jamais encore eu envie de lire cet auteur... pas grâce à un flair infaillible, mais parce que je n'ai pas lu d'avis qui m'a tentée ! :)
RépondreSupprimerRien à changer aujourd'hui donc !
Ce titre, qui est son dernier, a reçu un accueil pourtant très positif, ainsi que plusieurs prix.. et j'ai vraiment apprécié ma rencontre avec l'auteur. Mais c'est un roman trop démonstratif pour moi..
SupprimerJe suis rouennaise donc la partie elbeuvienne aurait pu me motiver, mais vu ton avis final, je ne pense pas me lancer.
RépondreSupprimerDommage, cela aurait été intéressant d'avoir l'avis de quelqu'un qui connait les lieux, mais vu mon expérience de lecture, je ne te forcerais pas la main..
SupprimerLes thématiques m'auraient vraiment intéressée, mais ton dernier paragraphe est rédhibitoire !
RépondreSupprimerJe pense que tu serais toi aussi gênée par l'aspect didactique du récit.. les bonnes intentions ne suffisent pas à faire un bon roman..
SupprimerDommage car les thèmes semblaient intéressants mais comme on est dans un roman et pas un essai, il est vrai qu'on est en droit d'attendre qu'ils soient intégrés à l'histoire et non assénés sans subtilité. Quant au protagoniste, je reconnais qu'entre sa reconversion et sa tromperie, il ne me semble guère attachant.
RépondreSupprimerLes thèmes sont bien sûr intéressants, et on ne peut qu'aller dans le sens de l'auteur, dont on devine la colère face aux injustices... mais c'est justement le problème, sa colère y prend une place concrète alors qu'elle devrait servir le texte et les personnages sans transparaître. Et c'est très pénible d'avoir l'impression qu'on nous nous explique ce qu'il faut comprendre...
SupprimerCa aurait pu m'intéresser, notamment pour l'immersion dans une ZAD d'un personnage a priori aux antipodes des valeurs qui y sont défendues, mais si ça n'est pas mené de manière crédible, je passe mon tour. Par ailleurs, le prix des romancières m'intrigue car il a été attribué à un homme ici... Ce sont donc des romancières qui l'attribue ?
RépondreSupprimerLe problème ici, c'est que l'auteur place le héros dans une ZAD pour parler des ZAD, et que cela transparait .. idem pour d'autres aspects de l'intrigue. Et je n'avais pas fait attention à ce prix des romancières, mais je viens de vérifier et en effet, le jury est en partie composé d'écrivaines (et de femmes artistes).
Supprimeroups, avec tous ces prix annoncés sur la bandeau de couverture, je comprends d'autant plus ta déception.
RépondreSupprimerEt il a reçu un très bon accueil chez la plupart des lecteurs/trices.. ceux qui expriment des bémols le font surtout à propos des invraisemblances de l'intrigue, mais je me dis finalement que cela rejoint les miennes : à vouloir la faire coller à des thématiques, l'auteur finit par la rendre artificielle.
SupprimerJe ne connais pas l'auteur. Apparemment, je ne dois pas lire celui-ci.
RépondreSupprimerIl est à mon avis dispensable.. et je serais bien en peine de t'en conseiller un autre, puisque je découvre l'auteur avec celui-là.
SupprimerBon ben on va passer... ^_^
RépondreSupprimerBen oui, c'est mieux..
Supprimerau moins j'ai le plaisir de ne pas ajouter un titre dans ma top longue liste. Au début de ton billet, je me disais tiens un roman sur Elbeuf que je connais de loin, pourquoi pas et finalement ce sera non !
RépondreSupprimerMa lecture aura servi au moins à ça...
SupprimerJe ne vais pas trop creuser. Tout prétexte à ne pas allonger ma PAL me convient bien.:)
RépondreSupprimerJe comprends !
SupprimerDe l'auteur, j'avais aimé Regarde. Mais c'est le seul que j'ai lu.
RépondreSupprimerAprès cette première expérience, je ne sais pas si je reviendrai vers lui, mais sait-on jamais.. (PS : je ne parviens plus depuis 3/4 jours à commenter sur ton blog)..
SupprimerJe ne connais pas cet auteur mais ma médiathèque possède plusieurs de ses titres dont celui-ci. Je vois que "Regarde" a été lu, peut-être me faut-il plutôt commencer par ce titre là pour faire connaissance.
RépondreSupprimerJe ne recommande pas de commencer par Dernier cri, en tous cas... Voire je n'en recommande pas la lecture du tout...
Supprimerlà pas de doute, en te lisant, je peux passer mon tour, je déteste tout ce qui est didactique
RépondreSupprimerOui, c'est pénible quand l'auteur se sent obligé de tout expliquer au lecteur...
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