"Entre fauves" - Colin Niel
La chasse est ouverte.
Le lecteur lui, sait d’emblée de qui il s’agit. Apolline est la fille chérie et gâtée de son richissime de père, avec lequel elle partage sa passion pour la chasse, excellant dans l’art du tir à l’arc. Elle se voit offrir pour son anniversaire « son » lion, qui l’attend en Namibie. A son arrivée sur place, sa vision romantique et aventurière de la chasse se heurte à l’organisation millimétrée qu’orchestre un guide germanique qui fait commerce des traques destinées à éliminer les quotas rigoureusement réglementés d’animaux jugés nuisibles par les autorités locales, qui doivent composer avec une économie essentiellement basée sur le tourisme et une population autochtone de plus en plus menacée par la sécheresse, pour qui les fauves sont surtout source de danger.
On le voit bien avec l’exemple de Kondjima, jeune Himba du Kaokoland ; le bétail de son père vient d’être décimé par le lion qu’est venu tuer Apolline, précipitant sa famille au bas de l’échelle du clan, car sans bétail, un Himba n’est rien. Du coup, Kondjima n’a plus qu’une obsession : tuer le fauve, pour redorer l’honneur familial et avoir une chance d’épouser celle que leur différence de rang rend pour l’instant inaccessible.
La traque commence, ou plutôt les traques. La première a pour cible Charles, le vieux lion fatigué et solitaire qui troque son rôle de prédateur contre celui de proie, et elle est en même temps une course contre la montre pour Kondjima, qui tente de devancer la blonde archère. La seconde met en scène d’autres types de fauves, individus ramenés à leurs instincts primaires, à l‘animalité tapie en eux.
L’alternance entre ces divers points de vue, permanente, rythme et pimente l’intrigue. Et au fil de la construction parfaitement maitrisée de son puzzle, Colin Niel embrasse mine de rien autant de thématiques brûlantes d’actualité que de questionnements à dimension existentielle…
Je n'ai pas encore lu cet auteur. Je dois avoir "Seule les bêtes" dans ma PAL. J'attends un peu, je n'ai pas envie de lectures trop dures en ce moment.
RépondreSupprimerSeules les bêtes est très bon aussi, mais c'est vrai que c'est un peu morose...
SupprimerLes traques multiples construisent effectivement un puzzle palpitant ... J'avais bien aimé cette mise en scène de "l'animalité humaine". Mais finalement, ce que j'en avais le plus retenu était la découverte des Himbas et leurs fragilités.
RépondreSupprimerC'est l'une des grandes richesses de ce roman : son intrigue à facettes multiples et diverses -mais que l'auteur parvient très habilement à relier de manière logique- permet à chacun de s'y retrouver. Je crois que j'ai personnellement surtout été emportée par sa trame narrative et sa tension croissante, et j'ai bien aimé aussi la manière dont les situations sont retournées, plaçant les protagonistes tour à tour dans la peau de proies ou de prédateurs. Et malgré l'aspect un peu caricatural du personnage de Martin (j'ai vu que dans ton billet, tu l'avais rebaptisé "Simon" !), l'auteur démontre que tout n'est pas noir ou blanc..
Supprimerje passe mon chemin ! je m'énerve assez en voyant les photos de chasseurs avec leurs trophées (en Afrique)
RépondreSupprimerTu t'entendrais bien avec Martin sur ce point !
Supprimerje vois bien qui a pu te tenter pour ce roman, c'est vrai que la chasse aux grands fauves semblent tellement stupide .
RépondreSupprimerDisons que mes deux 1ères expériences avec Colin Niel ont été assez convaincantes pour que je continue de le lire, et ce titre bénéficie d'avis plus que positifs de la part de lectrices auxquelles j'accorde une grande confiance ! Et je n'ai pas été déçue...
SupprimerCe roman m'a épaté par sa construction habile, ses personnages pas caricaturaux (ce qui n'était pas gagné sur un tel sujet) et ses ambiances si bien rendues : on est vraiment dans les Pyrénées ou en Namibie !
RépondreSupprimerJe crois que mon commentaire n'est pas parti... Je disais que j'avais admiré dans ce roman la construction, les personnages pas caricaturaux (ce qui n'est pas évident sur un tel sujet) et les ambiances bien restituées : on est vraiment dans les Pyrénées ou en Namibie !
RépondreSupprimerSi, si, il est bien passé (il faut que je les valide, donc ils n'apparaissent pas forcément tout de suite) !
SupprimerC'est vrai que l'écriture de Colin Niel a un pouvoir immersif. Il nous emmène, comme tu le soulignes, dans des environnements complètement différents en terme d'ambiance, de paysage, de climat, et on y est, à chaque fois !
J'avais vraiment accroché à " Seuls les bêtes ", alors motivée j'avais emprunté celui-ci mais j'ai trop manqué de temps. Il faudra que j'y revienne.
RépondreSupprimerOui, il est très bon aussi, et c'est une bonne lecture d'été, palpitante (mais qui fait aussi réfléchir).
SupprimerMon commentaire s'est perdu dans la brousse... Bref, le côté africain me plairait peut être...
RépondreSupprimerJe pense qu'il te plairait tout court ..
SupprimerC’est un très bon roman, j’ai trouvé l’auteur étonnement équilibré sur un sujet difficile.. et puis il écrit bien, il sait raconter … il est bon. ( Béa Comete)
RépondreSupprimerOui, nous sommes d'accord, c'est un roman avec de belles qualités ! Et je n'en ai pas fini avec cet auteur, c'est sûr.
SupprimerCe bouquin m'a pas mal énervé. J'ai eu du mal à admettre que, sous une position soi-disant neutre, Colin Niel prend en réalité position en faveur d'Appoline, la chasseresse de trophée. Cette fille à papa qui se paie le privilège d'aller massacrer des animaux sauvages et qui a un orgasme en découvrant l'arme qui va lui permettre d'abattre un magnifique lion, je l'ai détestée. Moi je préfère Martin, le défenseur des animaux, même s'il est un peu brut de décoffrage. Le côté suspense et thriller ça va, mais la fausse neutralité de l'auteur m'a assez exaspéré.
RépondreSupprimerCe "favoritisme" pour le personnage d'Appoline ne m'a pas sauté aux yeux... à quoi est-ce que tu l'as remarqué ? Moi aussi j'ai préféré le personnage de Martin, et il me semblait que l'auteur éprouvait aussi une forme de tendresse pour lui..
SupprimerEt tu as bine fait de passer par ici, cela m'a permis de réaliser que je ne recevais plus les notifications de ton blog depuis des mois et des mois... il va falloir que je remédie à ça !
Si je me souviens bien Martin est sauvé des griffes du dernier ours de souche pyrénéenne par Appoline (un comble !) qui abat la bête d'un coup de son magnifique arc de chasse. Ça tuer, elle sait faire ! En plus d'un séjour à l'hosto, Martin écope de 2 ans de prison et d'une amende carabinée. Le jeune berger namibien fait tuer de façon involontaire son amoureuse par le lion Charles. Quant a Appoline, elle est simplement un peu triste de ne pas avoir pu ramener la peau du lion. On ne peut pas dire que ces trois personnages ont eu une sanction équivalente. Ça ne montre pas une préférence ?
SupprimerJe n'ai pas vu cela tant comme une préférence que comme une forme de pessimisme quant à la marche du monde...
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