"Boys" - Pierre Théobald
"Il y a la vie, la vie, tout connement, avec ses joies fugaces et ses grandes contrariétés, ses emballements et ses empêchements, la vie avec ou sans enfants, et que chacun se débrouille avec les cartes dont il dispose ; à quoi bon demander ce qu'il serait advenu avec un jeu différent ?"
Décidemment cette édition du mois de la nouvelle est fortement marquée par la masculinité (voir mes billets précédents, sur David Grann, Callan Wink et Yan Lespoux). En même temps quand on choisit un recueil intitulé "Boys", il faut s’attendre à y trouver plus de testostérone que d’œstrogènes…
Ils s’appellent Antoine, Hatem, Steve, Cédric, Sacha…
Ils sont tantôt "je" et tantôt "ils".
Ils sont jeunes, moins jeunes ou carrément vieux.
Ils sont mariés ou célibataires, veufs ou divorcés, trompés ou infidèles.
Ils sont pères ou futurs papas, eux-mêmes fils, de pères qui parfois ne sont plus. Ils sont frères ou petit-fils.
Ils font carrière ou sont au chômage, fonctionnaires ou sportifs sur le déclin.
Et puis il y a Samuel, que l’on retrouve à intervalles réguliers, le suivant de ses 9 ans jusqu’à la soixantaine, depuis la naissance précoce de son désir de paternité à son impossibilité de devenir père et au combat qui s’ensuit.
Au fil d’épisodes souvent très brefs, Pierre Théobald décline, au travers de ses multiples représentants de sexe masculin, ce qui fait une vie, les moments forts ou les tragédies du quotidien, les instants de joie ou les périodes difficiles. Il évoque la maturité, le deuil, la maladie et la vieillesse (la sienne ou celle des proches). Il est beaucoup question de conjugalité, d’amour, mais aussi du morne délitement du couple ou de ses confrontations tempétueuses. La paternité est aussi très présente.
J’ai eu un peu de mal, au départ, à rentrer dans ce recueil. Les premiers textes me semblaient tous se dérouler sur le même ton, empêchant de différencier les histoires et les héros, laissant le sentiment de personnages interchangeables et sans épaisseur. Cela s’est plus ou moins dissipé au fil de la lecture, notamment quand il m’a semblé comprendre que plutôt que de mettre en scène des hommes dans leur diversité, l’auteur avait voulu, tout en dissociant ses personnages, montrer les différentes facettes que recèle un homme.
"Boys" se lit sans peine, l’écriture est simple, fluide, créant une musicalité qui finit par devenir familière, faisant peu à peu naître une impression d’intimité, qui donne une certaine profondeur à l’ensemble. Par des intermèdes où le style se fait plus tranchant, la voix plus intense, pour exprimer une colère, une douleur, Pierre Théobald impose parfois des cassures de rythme, ou nous surprend par la survenance d’une chute inattendue.
Une lecture au final plutôt agréable, mais que je pense oublier assez vite.
Le Mois de la Nouvelle, c'est Chez Marie-Claude et Electra.
Petit Bac 2021, catégorie ETRE HUMAIN.
Le joli mois de mai devient donc le mois de la nouvelle sur la blogosphère. Avec parfois de bonnes suggestions.
RépondreSupprimerOui, et cela fait plusieurs années que cela dure. Du coup, je lis tous les recueils de nouvelles de ma pile à ce moment-là !
SupprimerLe recueil que j'avais repéré à la bibli... est emprunté! Donc ce mois, je le suis peu!
RépondreSupprimerJ'attends ton avis avec impatience !
SupprimerJe ne suis pas particulièrement tentée et ta conclusion ne m'incite pas à changer d'avis ;-)
RépondreSupprimerC'est franchement une lecture dispensable, bien qu'elle fût agréable.
SupprimerJe l'ai souvent vu sur les blogs et il me faisait envie. On verra l'année prochaine...
RépondreSupprimerJe l'avais également noté chez une blogueuse il y a un petit moment mais je ne sais plus laquelle..
Supprimerje l'ai lu à sa sortie via NetGalley et j'en garde un bon souvenir,
RépondreSupprimerpour un premier livre c'est plutôt réussi et sa manière d'évoquer la "cause masculine" est intéressante
Tu as raison, il y a dans l'approche une certaine originalité. Je crois juste que j'aurais aimé un style plus marqué.
SupprimerJ'appréhende le côté interchangeable et sans épaisseur des personnages. Reste que l'ensemble m'a l'air pas mal du tout...
RépondreSupprimerDiantre, j'avais zappé ce commentaire .. au cas où tu repasserais par ici : c'est pas mal, oui, à prendre comme une lecture qui ne réclame pas trop d'efforts et permet de passer un moment plaisant !
SupprimerJ'aime bien la citation que tu as choisie ! Mais je suis assez hermétique au format de la nouvelle, et ton avis ne me donne pas tellement envie de m'y plonger ;-)
RépondreSupprimerMême remarque que pour Marie-Claude, j'avais loupé ton commentaire, et j'en sui désolée, je n'aime pas laisser mes visiteurs "en plan" ! Concernant ce titre, comme tu l'auras compris, je ne le considère pas comme un indispensable. Toutefois, il peut convenir pour une lectrice comme toi réticente au format "nouvelle", grâce au fil conducteur que l'on suit tout au long du recueil, en la personne de Samuel.
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