"Thérèse Raquin" - Emile Zola
"Que se passait-il dans cette misérable créature qui vivait juste assez pour assister à la vie sans y prendre part ?"
Née en Algérie d’une indigène et d’un soldat français, Thérèse a été confiée par son père à la sœur de ce dernier trop tôt pour avoir gardé quelque souvenir de ses parents biologiques, tous deux défunts. Elle a ainsi été élevée avec son cousin Camille, enfant maladif et surprotégé par sa mère, préfigurant l’adulte malingre à l’esprit inquiet et mesquin qu’il allait devenir. A l’inverse, Thérèse a toujours été de santé robuste, sujette à des emportements qu’elle a dès son plus jeune âge naturellement réfrénés afin de ne pas troubler le calme mortifère de la chambre à l’air tiède et nauséabond dans laquelle elle a grandi. Assouvissant ses envies d’air libre au contact de la nature environnant la maison de Vernon où vivaient les Raquin, elle s’est montrée, au contact de sa tante et de son cousin, tranquille et dévouée, acceptant passivement l’évidence, depuis toujours énoncée par Mme Raquin, de son union avec Camille.
Mais lorsque le trio quitte la Normandie pour Paris, où la tante a décidé de tenir une mercerie, c’est comme si on l’enterrait vivante. Camille occupe dans la capitale un emploi administratif qui le sort du passage du Pont-Neuf, où en plus de tenir commerce, les Raquin logent. Thérèse, confinée toute la journée dans la minuscule boutique obscure, dépérit derrière son comptoir. Sa semaine est par ailleurs marquée par le supplice des soirées du jeudi, lorsque les Raquin reçoivent. Les convives sont un ancien commissaire de police de Vernon que Mme Raquin a retrouvé à Paris, qu’accompagne son fils, homme roide et froid que Thérèse a détesté d’emblée, et de la fade épouse de ce dernier, ainsi qu’un collègue de Camille, très fier d’avoir à sa table un collaborateur plus expérimenté et mieux rémunéré que lui, dont il prend modèle.
Et puis un jour un nouvel invité s’ajoute à cette assemblée en la personne de Laurent, un camarade d’enfance de Camille, fils de paysan à l’esprit borné et au physique puissant. Thérèse est fascinée par la force virile, et même un peu animale, que dégage le jeune homme. Renié par son père suite à son refus de reprendre ferme familiale, Laurent, qui n’aime pas le travail en général, cherche un moyen de gagner sa vie en en faisant le moins possible. Si lui s’intéresse à Thérèse, ce n’est pas au départ parce qu’il est séduit -il la trouve laide-, mais par intérêt : voilà une maîtresse qui ne lui coutera rien, et qui ne pourra guère être exigeante puisque qu’elle sera en position d’adultère… Seulement Thérèse, amante, est transfigurée. Elle dévoile sa nature passionnée, se fait impudique et voluptueuse. Un lien puissant s’établit entre les deux jeunes gens au fil d’après-midis où, Laurent s’étant absenté du bureau, ils s’adonnent à leur passion dans la chambre conjugale des Raquin pendant que la mère Raquin, ignorante, tient la mercerie.
Jusqu’au jour où cela ne suffit plus, et où le couple décide d’assassiner Camille.
L’affaire est rondement menée, les meurtriers ne sont pas inquiétés un seul instant. Pourtant, le soulagement est de courte durée. L’assassinat sonne le glas de la passion et surtout de la tranquillité du couple. Sous le prétexte de la prudence, Laurent et Thérèse réfrènent durant de longs mois un désir qui finit par s’étioler… mais pour que leur acte n’ait pas été vain, il faut aller au bout de leur projet. Les anciens amants, avec la bénédiction d’une Mme Raquin dévastée par la mort de son fils mais inquiète du sort de Thérèse et (surtout) du sien -qui s’occupera d’elle pendant ses vieux jours ?- se marient.


Je l'ai lu et ne compte pas le relire, ta description me suffira! ^_^
RépondreSupprimerEt puis il y a de quoi relire par ailleurs, avec Zola !
SupprimerElle enchaîne les LC comme les tours de vélo...
RépondreSupprimerBon un Zola qui n'est pas dans la saga des Rougons, mais qui n'a pas l'air plus gai. Je passe mon tour, les récits de destruction systématique, merci bien.
Cet automne, c'est un peu le marathon de la lecture, oui... et je confirme, ce titre est très sombre, et les héros complètement torturés.. aucun humour ici, comme on peut en trouver dans un titre comme La terre, par exemple (même s'il est en même temps extrêmement féroce)..
SupprimerJ'ai lu ce roman quand j'étais adolescente et en lisant ton billet je me rends compte que j'ai tout oublié de l'intrigue. Il faudrait sans doute que je le relise.
RépondreSupprimerS'il t'avait plu, pourquoi pas, oui ?
SupprimerJ'en ai lu plusieurs et Thérèse Raquin je me souviens surtout du film avec Simone Signoret.
RépondreSupprimerJe ne connais pas son adaptation cinématographique, mais ça m'intéresse...
SupprimerJe crois que c'est mon roman préféré de l'auteur (même si je ne les ai pas tous lu).
RépondreSupprimerAh oui ? J'ai aimé mais je préfère les titres où la dimension sociale est plus présente.
Supprimerje n'ai vraiment pas envie de relire Zola, le seul auteur classique que je relis avec grand plaisir est Maupassant.
RépondreSupprimerJ'adorais Maupassant, adolescente, je crois avoir presque tout lu... Une bonne idée, tiens, que de le relire...
SupprimerJ'avais vraiment adoré ce livre et tu me donnes même envie de le relire.
RépondreSupprimerTu me fais bien plaisir !
SupprimerJ'ai beaucoup lu Zola ado, mais il ne me semble pas avoir lu celui-ci. Tu me donnes bien envie de revenir à cet auteur en tout cas. Peut-être pour l'été prochain.
RépondreSupprimerJ'essaie depuis quelques années d'en lire un par an.... Je priorise ceux que je n'ai pas lus plus jeune, mais je pense qu'ensuite, j'en relirai certains. J'ai La bête humaine sur ma pile, n'hésite pas à me faire signe pour une LC, même l'été prochain 😉
SupprimerJe l'ai lu deux fois et si à chaque lecture, j'avais été saisie par ma lecture, force est de constater qu'il ne m'en reste pas grand-chose si ce ne sont les souvenirs que tu réveilles. Quant à ta question de fin, je n'ai pas la réponse mais elle ne manque pas d'intérêt.
RépondreSupprimerC'est un titre qui insiste plus sur la psychologie des personnages que sur les événements, ce n'est donc pas très surprenant que tu en aies gardé peu de souvenirs... Quant au positionnement de l'auteur sur Thérèse, il insiste tellement au début du roman sur le fait que sa nature est bridée, je me suis dis que ça n'etait pas anodin...
SupprimerLu il y a longtemps ; il me reste surtout sa noirceur. Et puis bien sûr, j'ai vu le film avec Simone Signoret. Plusieurs fois je crois.
RépondreSupprimerJ'apprends grâce à vos commentaires qu'il y a eu une adaptation avec Simone Signoret, et j'imagine que si tu l'as vu plusieurs fois, c'est qu'il est bon...
SupprimerIl y a longtemps que je n'ai pas lu cet écrivain et relire celui-ci pourrait être une bonne idée quand je manque d'inspiration... je le note dans un coin. Nos grands anciens sont une mine à (re)découvrir !!!
RépondreSupprimerLes classiques sont souvent des valeurs sûres, en effet..
SupprimerConclusion pour les hommes : méfiez-vous si vous épousez une prénommée Thérèse. Entre Raquin et Desqueyroux, la prudence est de mise :-D Plus sérieusement, je préfère quand Zola nous plonge dans un "milieu". Le délitement de ce couple m'attire peu.
RépondreSupprimerJe me suis fait la même réflexion à la lecture, voilà un prénom que la littérature a doté d'une bien sombre connotation... Et je te rejoins : même si j'ai apprécié ma lecture, je préfère moi aussi les romans plus "sociaux" de Zola.
SupprimerEn te lisant il me parait clair que je l'ai lu mais bizarrement je n'aurais pas été capable de te donner des détails de l'histoire. J'étais bien jeune et il faudrait tout relire à présent surtout que je crois bien que le dernier roman que j'ai relu de Zola c'est "Germinal" que j'avais relu avant d'emmener des élèves voir le film...ça date aussi :) Merci de nous en parler...
RépondreSupprimerL'histoire tourne finalement autour des affres que connait le couple meurtrier, avec le détail des tortures psychologiques provoquées par la terreur qui les hante.. je n'ai pas lu tout Zola étant jeune, je comble donc mes lacunes, et c'est un vrai plaisir !
SupprimerAvec les Rougon Macquart je croyais en avoir fini avec Zola, mais il en reste encore
RépondreSupprimerJe t'avoue qu'avant d'entamer ce titre, j'ignorais aussi qu'il ne faisait pas partie decla série des Rougon-Macquart..
SupprimerMerci pour ta participation à cette lecture naturaliste! Un Zola avant les Rougon-Macquart. Un Zola plus psychologique que social... voilà qui pourrait me plaire. Je n'ai d'ailleurs jamais rien lu de cette première période de l'écrivain. Mais celui-ci est sur ma liste. En revanche, j'ai vu le film de Marcel Carné avec Simone Signoret, qui est très bien.
RépondreSupprimerJe découvre moi aussi avec ce titre son œuvre "hors Rougon-Macquart". Un chouette découverte...
SupprimerJustification, non, je n'irai pas jusque là !
RépondreSupprimerA mon avis, il adopte le point de vue objectif du scientifique et ne porte pas de jugement parce que ce n'est pas ce qui l'intéresse. Ce qu'il veut décrire c'est le poids de l'hérédité. il écrit à ce propos : "Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus."
C'est un livre que j'ai lu plusieurs fois. la première fois j'étais ado et il m'avait fait une peur bleue ! Il est fascinant et il contient déjà toutes les théories de Zola et du roman naturaliste.
https://claudialucia-malibrairie.blogspot.com/2014/01/emile-zola-therese-raquin.html
Peut-être plus une explication qu'une justification, en effet... merci pour l'éclairage de l'auteur ! En tous cas, c'est un roman très fort, oui, et qui fait froid dans le dos. Comme l'écrit Choup ci-dessous, les scènes avec la mère, une fois qu'elle a compris ce qui s'est passé, mais qu'elle est incapable de parler.... brrr !
SupprimerJe l'ai lu au lycée, et j'avais adoré. Je ne me souviens pas des détails de l'intrigue (les diners du jeudi par exemple) mais j'ai encore en tête la scène de l'assassinat, et l'atmosphère de la boutique, le silence accusateur de la mère...
RépondreSupprimerC'est en effet un roman de sensations et d'atmosphères très fortes, oui. Les passages avec la mère impuissante sont terribles..
SupprimerAh, mais tu en dis trop !! Je n'ai pas pu lire ta chronique jusqu'au bout, je compte bien le lire (comme absolument tout ce qu'a écrit Zola) sans spoil ;)
RépondreSupprimerOui, c'est vrai, désolée... c'est un billet pour ceux qui l'ont lu, surtout j'aurais dû prévenir du "spoiler" ....
SupprimerUn roman poisseux ! Je me souviens encore de la scène de la morgue ! Et je te conseille l'adaptation avec Simon Signoret ... Une bien belle meurtrière !
RépondreSupprimerJe suis en effet très curieuse de la voir, maintenant...
SupprimerIl faut absolument que je lise plus de classique et notamment zola. D'ailleurs, je crois que ce titre est dans ma PAL !
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